Vous qui venez ici dans une humble posture,
Débarrasser vos flancs d'un importun fardeau,
Veuillez, quand vous aurez soulagé la nature
Et déposé dans l'urne un modeste cadeau,
Épancher dans l'amphore un courant d'onde pure,
Puis, sur l'autel fumant, placer pour chapiteau
Le couvercle arrondi dont l'auguste jointure
Aux parfums indiscrets doit servir...
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C’était un tout petit épicier de Montrouge,
Et sa boutique sombre, aux volets peints en rouge,
Exhalait une odeur fade sur le trottoir.
On le voyait debout derrière son comptoir,
En tablier, cassant du sucre avec méthode.
Tous les huit jours, sa vie avait pour épisodeLe bruit d’un camion apportant des tonneaux
De harengs saurs ou bien des caisses de... -
J’habite l’Océan,
Les joncs des marécages,
Les étranges pacages
Et le gouffre béant.Je plonge sous les flots,
Je danse sur la vague,
Et ma voix est si vague
Qu’elle échappe aux échos.Je sonde les remous
Et, sur le bord des mares,
Je fais des tintamarres
Avec les crapauds mous.Je suis dans les gazons
Les... -
Brusque, avec un frisson
De frayeur et de fièvre,
On voit le petit lièvre
S’échapper du buisson.
Ni mouche ni pinson ;
Ni pâtre avec sa chèvre,
La chanson
Sur la lèvre.Tremblant au moindre accroc,
La barbe hérissée
Et l’oreille dressée,
Le timide levraut
Part et se risque au trot,
Car l’... -
Le petit Palémon, grand de huit ans à peine,
Maintient en vain le bouc qui résiste et l’entraîne,
Et le force à courir à travers le jardin,
Et brusquement recule et s’élance soudain.
Ils luttent corps à corps ; le bouc fougueux s’efforce ;
Mais l’enfant, qui s’arc-boute et renverse le torse,
Étreint le cou rebelle entre ses petits bras,
Se gare... -
À M.-E. MorrierUn régiment anglais marchait sur Saint-Eustache,
Où Chénier, insurgé sans peur comme sans tache,
Retranché dans l’église avec cent paroissiens,
Soldats improvisés dignes des temps anciens,
Attendait, l’arme au poing, l’approche de Colborne.Sous la bise, au milieu d’une campagne morne
Que naguère animaient de... -
Sa mère en le mettant au monde s'en alla.
Sombre distraction du sort. Pourquoi cela ?
Pourquoi tuer la mère en laissant l'enfant vivre ?
Pourquoi par la marâtre, ô deuil ! la faire suivre ?
Car le père était jeune, il se remaria.
Un an, c'est bien petit pour être paria ;
Et le bel enfant rose avait eu tort de naître.
Alors un vieux bonhomme... -
QUAND la vieille grand’ mère à la tête ridée
Fut morte, et qu’on l’eût mise en son cercueil de bois,
L’enfant dans son cerveau ne roula qu’une idée :
Retrouver celle dont il aimait tant la voix.Il n’avait jusque-là versé que peu de larmes,
Et pour des riens, pour du pain sec à son repas,
Pour le vent qui soufflait avec de grands vacarmes,
Pour l’... -
Entre les fils du télégraphe
Un pierrot siffle son refrain.
Le soir tombe : le ciel serein
Est vitreux comme une carafe.Nul éclair ne met son paraphe
Au fond de l’horizon chagrin.
Entre les fils du télégraphe
Un pierrot siffle son refrain.Comme il sautille ! Comme il piaffe !
Mais comme il file avec entrain,
Dès que la... -
Et je regrette et je cherche PsapphaEt je regrette et je cherche ton doux baiser.
Quelle femme saurait me plaire et m’apaiser ?
Laquelle apporterait les voluptés anciennes
Sur des lèvres sans fard et pareilles aux tiennes ?Je le sais, tu mentais, ton rire sonnait creux
Mais ton baiser fut lent,...