• I.L’autrier avint en cel autre païs
    C’uns chevaliers eut une dame amee.
    Tant com la dame fu en son bon...

  • Vos premières saisons à peine sont écloses,
    Enfant, et vous avez déjà vu plus de choses
    Qu’un vieillard qui trébuche au seuil de son tombeau.
    Tout ce que la nature a de grand et de beau,
    Tout ce que Dieu nous fit de sublimes spectacles,
    Les deux mondes ensemble avec tous leurs miracles.
    Que n’avez-vous pas vu ? les montagnes, la mer,
    La neige et les...

  • III

    Donc regardez : Ici le jocrisse du crime ;
    Là, follement servi par tous ceux qu'il opprime,
    L'ogre du droit divin, dévot, correct, moral,
    Né pour être empereur et resté caporal.
    Ici c'est le Bohême et là c'est le Sicambre.
    Le coupe-gorge lutte avec le deux-décembre.
    Le lièvre d'un côté, de l'autre le chacal.
    Le...

  • Tout ce qui charme est sur tes lèvres :
    Les mots émus qu’on dit tout bas
    Et ceux qui prennent leur ébats,
    Partant, courant comme des lièvres ;
    Le doux pli qui, tendre ou moqueur,
    Égaie ou console mon cœur ;
    La caresse dont tu me sèvres
    Pour m’irriter ou m’apaiser :
    Parole, sourire et baiser,
    Tout ce qui charme est sur tes lèvres.

  • Tu n’as pas voulu quand j’avais vingt ans ;
    Tu n’as pas voulu dans le temps des roses
    Où, n’ayant souci des plus douces choses,
    Je n’aimais que toi de tout le printemps ;

    Où j’aurais franchi les monts et les plaines
    Pour te voir une heure et m’en retourner,
    Où ma vie entière était à donner,
    Où mon avenir avait les mains pleines.

    J’allais devant...

  • Qu’avec une valeur à nulle autre seconde,
    Et qui seule est fatale à notre guérison,
    Votre courage mûr en sa verte saison
    Nous ait acquis la paix sur la terre et sur l’onde :

    Que l’hydre de la France en révoltes féconde,
    Par vous soit du tout morte, ou n’ait plus de poison,
    Certes, c’est un bonheur dont la juste raison
    Promet à votre front la couronne...

  •  
    C’était en Thermidor, à la Conciergerie.

    Ils étaient là deux cents, parqués pour la tuerie,
    Pêle-mêle, arpentant le sinistre préau.
    La Terreur redoublait. Derniers coups du fléau
    Sur les épis ! Derniers éclairs de la tempête !
    Sur Paris consterné, le sanglant coupe-tête
    Fonctionnait sans trêve. Ils étaient là deux cents,

    Condamnés ou du moins...

  • II

    Vision sombre ! un peuple en assassine un autre.

    Et la même origine, ô Saxons, est la nôtre !
    Et nous sommes sortis du même flanc profond !
    La Germanie avec la Gaule se confond
    Dans cette antique Europe où s'ébauche l'histoire.
    Croître ensemble, ce fut longtemps notre victoire ;
    Les deux peuples s'aidaient, couple...

  • Sonnet

    L'autre jour inspiré d'une divine flamme,
    J'entrai dedans un temple, où tout religieux,
    Examinant de près mes actes vicieux,
    Un repentir profond fit soupirer mon âme.

    Tandis qu'à mon secours tous les Dieux je réclame,
    Je vois venir Phyllis : quand j'aperçus ses yeux,
    Je m'écriai tout haut : ce sont ici mes Dieux,
    Ce Temple, et...

  • Enfant aveugle, nain, qui n'as autre prouësse,
    Sinon en trahison quelque flesche tirer,
    Qui n'as autre plaisir sinon de deschirer
    En cent pieces les coeurs de la folle jeunesse ;

    Le corps sans honte nud si ton pere te laisse,
    Il monstre qu'on se doit loing de toy retirer,
    Qui n'as rien que les coeurs que tu peux attirer
    Par les traistres appas de...