• À quoi sert un brin d’herbe? — À rien,
    Dit l’aigle à la serre puissante.
    — Moi, répond la taupe innocente,
    Par dessous je ne vois pas bien.

    — C’est notre pain quotidien,
    Dit la brebis reconnaissante.
    — C’est l’œuvre toujours renaissante
    Du créateur, dit le chrétien.

    Et le poète solitaire
    Que, jusqu’au trépas, le mystère
    De la...

  •  

    Comme une herbe sans eau, comme une fleur aride
    Qui s’éteint sans parfums sous les feux de l’été,
    Mon âme, loin de toi, mon âme est morne et vide :
              En te quittant j’ai tout quitté !

    La ville et ses splendeurs, la nature et ses charmes,
    Rien n’a rendu le calme à ce cœur tourmenté.
    Mon front est sans pensée et mon œil est sans larmes :...

  • Par un bienfait des destinées,
    D'accord avec ma grand’ maman,
    J’ai vécu mes jeunes années
    Sur le pâtis de l’Isle-Adam.

    J’ai poussé dans de l’herbe folle,
    Comme un modeste liseron.
    Je gaminais, après l’école,
    Avec le trèfle & le mouron.

    Quand je partis pour le collége,
    Les moindres brins, mes chers amis,
    Semblaient me plaindre....

  •  
    Voix des torrents, des mers, dominant toute voix,
              Pins au large murmure.
    Vous ne dites pas tout, grandes eaux et grands bois,
              Ce que sent la nature.

    Vous n'exhalez pas seuls, ô vastes instruments,
              Ses accords gais ou mornes ;
    Vous ne faites pas seuls, en vos gémissements,
              Parler l'être sans bornes.

    ...
  • L'herbe est molle et profonde
    Sous les branches qui pendent,
    Lourdes de fruits et de fleurs blanches ;
    Lourde est la senteur enivrante,
    Et douce est l'ombre. On s'y étend ;
    Un sourd sommeil coule dans le sang.

    Et les branches s'abaissent et se penchent,
    Et vous caressent de longs frôlements,
    Vous caressent et vous soulèvent
    De la terre...

  • Voix des torrents, des mers, dominant toute voix,
    Pins au large murmure.
    Vous ne dites pas tout, grandes eaux et grands bois,
    Ce que sent la nature.

    Vous n'exhalez pas seuls, ô vastes instruments,
    Ses accords gais ou mornes ;
    Vous ne faites pas seuls, en vos gémissements,
    Parler l'être sans bornes.

    Vous ne dites pas seuls les mots...

  • - L'abbé divague. - Et toi, marquis,
    Tu mets de travers ta perruque.
    - Ce vieux vin de Chypre est exquis
    Moins, Camargo, que votre nuque.

    - Ma flamme ... - Do, mi, sol, la, si.
    L'abbé, ta noirceur se dévoile !
    - Que je meure, mesdames, si
    Je ne vous décroche une étoile !

    - Je voudrais être petit chien !
    - Embrassons nos bergères, l'une...