• Béthulie assiégée allait périr de faim ...
    Dans l'ombre, un soir, Judith que ce malheur consterne,
    Vient offrir, toute belle, au vaillant Holopherne
    De lui livrer la ville épuisée à la fin.

    - Qu'on boive le nectar dans les coupes d'or fin !
    Que le baiser suave avec le rire alterne,
    Fit le guerrier ! Il but. Or, fermant son oeil terne,
    Il s'endormit...

  • Ils rendent à Dagon leurs devoirs négligés.
    Le dieu, peu rancunier, sourit à leur hommage.
    Dans son temple superbe, et devant son image,
    Ils se gorgent de vins aux festins obligés.

    Ils ne gémissent plus comme des affligés,
    Mais ils chantent l'amour. C'est un joyeux chômage.
    La nation perverse ainsi se dédommage
    De la honte subie et des maux infligés...

  • Comment paraît la terre, en ces champs infinis
    Où le verre savant hâte ses découvertes,
    Quand de neige ou de fleurs ses plaines sont couvertes,
    Et quand, sur ses labours, flottent les blés jaunis ?

    Comment, avec ses bois comme des flots unis ?
    Avec ses mers de sable et ses oasis vertes ?
    Ses nuages pareils à des ailes ouvertes ?
    Ses fleuves vagabonds et...

  • Rome pour tout un jour dépouille son air morne.
    Escorté de consuls, de femmes, de valets,
    Néron, vêtu de pourpre, a quitté son palais,
    Et le peuple ébloui l'acclame et le flagorne.

    Un vieillard voulait voir.- Monte sur cette borne,
    Lui dit en le haussant un joueur d'osselets ;
    Mais ses yeux sont chargés de foudre, évite-les ;
    Courbe tes cheveux...

  • Mystérieux moment où l'on commence à vivre...
    La matière s'anime à ton souffle, mon Dieu.
    L'âme qu'elle a reçue est un rayon de feu
    Qui remonte vers toi, prisonnier qu'on délivre.

    Et la vie est partout. Comme on lit dans un livre,
    Dans le monde insondable on voudrait lire un peu,
    Pour voir si le travail alterne avec le jeu,
    Et si les coeurs parfois...

  • Depuis que mes cheveux sont blancs, que je suis vieux,
    Une fois j'ai revu notre maison rustique,
    Et le peuplier long comme un clocher gothique,
    Et le petit jardin tout entouré de pieux.

    Une part de mon âme est restée en ces lieux
    Où ma calme jeunesse a chanté son cantique.
    J'ai remué la cendre au fond de l'âtre antique,
    Et des souvenirs morts ont jailli...

  • Israël, effrayé de ses péchés nombreux,
    De nouveau gémissait auprès des tabernacles.
    Il vint à Débora qui rendait ses oracles
    Au sommet d'Ephraïm, sous un palmier ombreux.

    La prophétesse dit : - Arme dix mille Hébreux.
    Barac verra tomber devant lui les obstacles.
    L'impie est condamné. Par de nouveaux miracles,
    Notre Dieu rendra vains ses complots...

  • C'est le désert lugubre après l'âpre savane,
    Le ciel de feu, le sable épais, l'air étouffant.
    D'une terreur étrange à peine on se défend.
    Seul, en ces lieux maudits, l'Arabe se pavane.

    Là des sources sans eaux, un palmier qui se fane ;
    Là des crânes ouverts par un cheik triomphant.
    Mais voici que le ciel à l'horizon se fend,
    Et des frissons d'...

  • Par des chemins de fleurs, au temple qu'on voit là,
    Des prêtresses s'en vont. Leurs bandes triomphales
    Dansent cyniquement au rythme des crotales.
    Jamais tissu discret alors ne les voila.

    Vénus veut des honneurs. C'est sa fête, et voilà
    Que la ville s'éveille. Et les chastes Vestales
    S'enfoncent tour à tour dans l'ombre de leurs stalles,
    Et le...

  • On admire toujours, sous le beau ciel romain,
    Ses vieux gradins massifs et ses hautes arcades,
    Flots de pierres pareils aux immenses cascades
    Que l'hiver boréal suspend sur son chemin.

    Les Césars orgueilleux, d'un signe de la main,
    Faisaient défiler là de fières cavalcades ;
    Ils faisaient s'élancer, de leurs mille embuscades,
    Les fauves qu'appelait...