La Maison paternelle

Depuis que mes cheveux sont blancs, que je suis vieux,
Une fois j'ai revu notre maison rustique,
Et le peuplier long comme un clocher gothique,
Et le petit jardin tout entouré de pieux.

Une part de mon âme est restée en ces lieux
Où ma calme jeunesse a chanté son cantique.
J'ai remué la cendre au fond de l'âtre antique,
Et des souvenirs morts ont jailli radieux.

Mon sans gêne inconnu paraissait malhonnête,
Et les enfants riaient. Nul ne leur avait dit
Que leur humble demeure avait été mon nid.

Et quand je m'éloignai, tournant souvent la tête,
Ils parlèrent très haut, et j'entendis ceci :
- Ce vieux-là, pourquoi donc vient-il pleurer ici ?

Collection: 
1878

More from Poet

Quand tu luis au-dessus de la forêt mouvante,
On dirait que des feux s'allument tout au fond.
Tu donnes un baiser à l'océan profond,
Et l'océan frémit comme une âme vivante.

Es-tu notre compagne ? Es-tu notre servante ?
Ton éclat nous ravit, ton pouvoir nous...

Aux vallons endormis la nuit glisse en silence.
Mes vieux pins sont drapés dans leurs sombres manteaux.
On n'entend plus monter le rythme des marteaux,
On ne voit plus la nef que la vague balance.

Une fauve lueur, comme un éclair de lance,
Embrase un coin du ciel,...

- Et le mal nous a pris, séduisant, enjôleur,
Comme un filet de soie en ses brillantes mailles.
Eve a senti l'amour embraser ses entrailles ;
Elle a, bénissant Dieu, fait l'homme de douleur.

Dieu m'a dit, irrité : « Tu scelles ton malheur.
Il faut que chaque jour...

Comme au milieu des mers d'immobiles vaisseaux,
Depuis des milliers d'ans vous dormez dans vos sables,
Et sur vos fronts, pour vous créer impérissables,
La force et le génie ont imprimé leurs sceaux.

Vainement la lumière, en radieux faisceaux,
Pleut sur vous, vos...

Les vapeurs du matin, légères et limpides,
Ondulent mollement le long des Laurentides,
Comme des nuages d'encens.
Au murmure des flots caressant le rivage,
Les oiseaux matineux, cachés dans le feuillage,
Mêlent de suaves accents.

La nature, au réveil, chante...