• L’âme écoute toute ravie
    Le rossignol qui chante en vous :
    Vous feriez adorer la vie,
    En l’éclairant de vos yeux doux.

    Votre voix a le charme étrange
    Les appels d’oiseau dans les bois :
    Vous rappelez cette mésange
    Qu’un pauvre moine d’autrefois

    Écouta pendant cent années
    Chanter au fond d’une forêt :
    Les fleurs pleuraient...

  • Quand vous voyez celui qui vous aime apparaître
    Si courbé devant vous, le front si triste et bas,
    Quand vous sentez sa vie attachée à vos pas…
    Vous vous dites sans doute, en souriant peut-être :
    Pourquoi m’aime-t-il donc, moi qui ne l’aime pas ?

    Oh ! ne le plaignez pas ! Si fort qu’on lui résiste,
    Si loin qu’on le repousse, il aime ses douleurs ;
    Et...

  • D’après de véridiques
    Fabriquants de chroniques,
    Marchands de statistiques
    Les plus accrédités,
    Il paraît, chères femmes,
    Délices de nos âmes,
    Clous de tous nos programmes,
    Que vous longévitez.

    Tandis nous, pauvres hommes,
    Éphémères nous sommes,
    Et n’atteignons en somme
    Que...

  • Monte sur moi comme une femme
    Que je baiserais en gamin
    Là. C’est cela. T’es à ta main ?
    Tandis que mon vit t’entre, lame

    Dans du beurre, du moins ainsi
    Je puis te baiser sur la bouche,
    Te faire une langue farouche
    Et cochonne et si douce, aussi !

    Je vois tes yeux auxquels je plonge
    Les miens jusqu’au fond de ton cœur
    D’où mon...

  • Un jour, au doux rêveur qui l’aime,
    En train de montrer ses trésors,
    Elle voulut lire un poème,
    Le poème de son beau corps.

    D’abord, superbe et triomphante,
    Elle vint en grand apparat,
    Traînant avec des airs d’infante
    Un flot de velours nacarat :

    Telle qu’au rebord de sa loge
    Elle brille aux Italiens,
    Écoutant passer son éloge...

  •  
    Quand on se rencontre et qu'on s'aime,
    Que peut-on échanger de mieux
    Que la prière, don suprême,
    Or pur qu'on reçoit même aux cieux ?

    Vous me l'offrez, je le réclame :
    Pensez à moi dans le saint lieu ;
    Que cette obole de votre âme
    M'enrichisse au trésor de Dieu.

    L'Orient sous son ciel de fête,
    Prenant les astres...

  •  
    Amitié, doux repos de l’âme,
    Crépuscule charmant des cœurs.
    Pourquoi, dans les yeux d’une femme,
    As-tu de plus tendres langueurs ?

    Ta nature est pourtant la même ;
    Dans le cœur dont elle a fait don
    Ce n’est plus la femme qu’on aime,
    Et l’amour a perdu son nom.

    Mais comme en une pure glace
    Le rayon se colore mieux,
    Le...

  •  
    O femme ! éclair vivant dont l’éclat me renverse !
    O vase de splendeur qu’un jour de Dieu transperce !
    Pourquoi nos yeux ravis fondent-ils sous les tiens ?
    Pourquoi mon âme en vain sous sa main comprimé
    S’élance-t-elle à toi comme une aigle enflammée
    Dont le feu du bûcher a brisé les liens ?

    Déjà l’hiver blanchit les sommets de ma vie
    Sur la...

  • L’aurore apparaissait ; quelle aurore ? Un abîme
    D’éblouissement, vaste, insondable, sublime ;
    Une ardente lueur de paix et de bonté.
    C’était aux premiers temps du globe ; et la clarté
    Brillait sereine au front du ciel inaccessible,
    Étant tout ce que Dieu peut avoir de visible ;
    Tout s’illuminait, l’ombre et le brouillard obscur ;
    Des avalanches d’or s...

  • Nymphe blanche et robuste,
    Dont les bras et le buste
    Défieraient les Titans
    Et les autans ;

    Délice de la lyre,
    Qui dus naître et sourire,
    Colosse harmonieux,
    Au temps des Dieux,

    Ne crains plus, forme altière,
    De mourir tout entière,
    Puisque tu m'enivras.
    Non, tu vivras !

    Tu vivras par ces rimes,
    Comme la neige aux...