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    Ainsi ces deux époux, seuls, possesseurs d’un monde,
    Suivaient jour après jour leur route vagabonde,
    Avaient devant leurs pas l’univers tout entier,
    Et, sans but que l’amour, s’y traçaient leur sentier.
    Ils semblaient seulement dans leur marche pressée
    De leurs premiers tyrans vouloir fuir la pensée,
    Et, cherchant par instinct les plus tièdes climats...

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    Mais sous ses yeux fermés son cœur ne dormait pas :
    Elle eût rêvé Cédar sous la main du trépas.
    L’amour qui l’embrasait pour le céleste esclave
    Dans ses veines d’enfant roulait des flots de lave.
    Sa tempe dans son front ne pouvait s’assoupir,
    Sa respiration n’était qu’un long soupir.
    Elle voyait toujours son chaud regard sur elle
    Luire en rêve...

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    Poésie, théologie, abîmes !

    Encore un lys qui s’étiole,
    Et tombe avant la fin du jour !
    Encore un cygne qui s’envole,
    Et meurt sous un bec de vautour !
    Encore un vase qui se brise,
    Tout rempli de myrrhe et d’encens !
    Encore un ruisseau qui s’épuise,
    Tari sous les pieds des passants !
     
    Fils d’un siècle...

  •                       “ Her safety sits not on a throne,
                          With Capet or Napoléon ;
                          But in equal rights and laws,
                          Hearts and hands in one great cause. ”
                                                       BYRON.

    À toi tyran tombé !… – Je t’abhorrai...

  • Tombez, ô perles dénouées,
    Pâles étoiles, dans la mer.
    Un brouillard de roses nuées
    Émerge de l'horizon clair ;
    À l'Orient plein d'étincelles
    Le vent joyeux bat de ses ailes
    L'onde que brode un vif éclair.
    Tombez, ô perles immortelles,
    Pâles étoiles, dans la mer.

    Plongez sous les écumes fraîches
    De l'Océan mystérieux.
    La lumière...

  • De la dépouille de nos bois
    L'automne avait jonché la terre ;
    Le bocage était sans mystère,
    Le rossignol était sans voix.
    Triste, et mourant à son aurore,
    Un jeune malade, à pas lents,
    Parcourait une fois encore
    Le bois cher à ses premiers ans :
    " Bois que j'aime ! adieu... je succombe.
    Ton deuil m'avertit de mon sort ;
    Et dans chaque...