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    Il tombait, il tombait de la suprême voûte
    Le séraphin déchu, l’archange audacieux ;
    Déroulant son corps spacieux,
    Il tombait comme un monde arraché de sa route,
    Comme un vivant débris des cieux.

    Il tombait, il tombait de la hauteur brillante
    Où rayonnaient encor les esprits ses pareils ;
    Il tombait dans l’espace, et sa tête brûlante
    ...


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  • De la dépouille de nos bois
    L’automne avait jonché la terre ;
    Le bocage était sans mystère,
    Le rossignol était sans voix.
    Triste, et mourant à son aurore,
    Un jeune malade, à pas lents,
    Parcourait une fois encore
    Le bois cher à ses premiers ans :
    « Bois que j’aime,...

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    Mais, tandis que la nuit couvre ces murs funèbres,
    Des pas entrecoupés rôdent dans les ténèbres.
    Qui donc, posant ses pieds muets sur le rocher,
    De la tour de la mort ose ainsi s’approcher ?
    Pourquoi s’arrête-t-il de distance en distance
    Comme pour épier, écouter le silence ?
    Pourquoi de toutes parts égare-t-il ses pas ?
    Quels noms entre ses...

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    Or, de ce long supplice invisible témoin,
    L’ange de Daïdha, Cédar, n’était pas loin ;
    Et si ma voix ne peut exprimer ce martyre,
    Le tien, esprit d’amour, quels mots pourraient le dire ?
    Arraché par ces cris à son ravissement,
    Écrasé de stupeur et d’étourdissement,
    Il était demeuré sans regard, sans parole,
    Comme un homme qui passe et dont l’âme...

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    Et le vieillard finit en disant : « Gloire à Dieu !
    Dieu, seul commencement, seule fin, seul milieu,
    Seule explication du ciel et de la terre,
    Seule clef de l’esprit pour ouvrir tout mystère ! »
    Il étendit la main pour l’invoquer sur nous !
    Nous pliâmes, contrits, nos fronts et nos genoux ;
    Comme un homme qui craint de renverser un vase,
    Nous...

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    Cependant, descendu sur l’horrible tempête.
    L’esquif des hautes tours rasait le sombre faîte.
    On eût dit à leur foule, à leurs sommets pressés,
    En aiguilles, en arcs, en minarets dressés,
    Une forêt de pierre où les granits, les marbres,
    Auraient germé d’eux-même et végétaient en arbres :
    Pyramides, palais bâtis pour des géants,
    Ponts immenses...

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    A chaque acte infernal de ce lugubre drame,
    Le visage des dieux montrait leur joie infâme.
    On lisait sur leurs fronts, moites de cruauté,
    Que- la douleur humaine était leur volupté,
    Et plus ce jeu féroce outrageait la nature,
    Plus l’applaudissement égalait la torture.
    Des battements de mains la salle s’ébranlait.
    Du féroce Nemphed le front seul...

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    La nuit, pleine de crime et de flambeaux rougie,
    Roulait avec horreur ses astres sur l’orgie.
    Les constellations, du haut du firmament,
    Regardaient cette scène avec étonnement,
    Admirant comment Dieu, dans son profond mystère.
    Laissait monter si haut les forfaits de la terre
    Et les anges chantaient d’un accent solennel :
    « Patient ! patient !...

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    « Vieux Liban ! » s’écria le céleste vieillard
    En s’essuyant les yeux que voilait un brouillard,
    Pendant que le vaisseau courant â pleines voiles
    Faisait glisser nos mâts d’étoiles en étoiles,
    Et qu’à l’ombre des caps du Liban sur la mer
    L’harmonieuse proue enflait le flot amer.

    « Sommets resplendissants au-dessus des tempêtes,
    Qu’on vous...