• Muse, conseil ; lequel il me faut prendre
    Pour reposer. Le frais, l'ombre ou le vert
    Que ce ruisseau, ce bois, ce pré ouvert
    Me veut donner, me fournir et m'estendre.

    Son cours, son ombre et son herbage tendre
    Est-il trop froid, trop noir, trop descouvert ?
    Parle bien tost, car la fraischeur se perd,
    Le vert fannit, l'ombre ne veut attendre....

  • J'ose glisser sur ton douteux empire
    Dieu enjonché, pour y dire ton los* ;
    Reçoy moy donc, et repousse les flots
    Qui troubleroient ce que je te veux dire.

    Si tu m'entends, et comme je desire
    Tu me reçois sur le bleu de ton dos,
    Et tient mon pin en tes doigts si bien clos
    Que despecé sous ton onde il ne vire :

    Je te promets sur terre de...

  • Sous ce large peuplier par trois fois trois je tourne,
    J'y basty un autel de trois fois trois gazons,
    J'y apporte du feu de trois fois trois tisons,
    Et trois fois trois grillons pour y brusler j'adjourne :

    Par trois fois trois encor y verser je retourne
    Trois fois trois pots de laict, trois fois trois poils grisons
    Je croise tout autour, trois fois...

  • Muse, n'est-ce point là le feu de la Deesse
    Qui naquit autrefois dans le champ marinier,
    Qui d'un brin esclattant ne nous veut denier
    Du matin qui s'en vient le jour et la promesse ?

    Desja, n'est-ce point là l'aurore qui se dresse,
    Vermillonnant ces Montz de son char saffranier ?
    Desja, n'est-ce point là le flambeau journalier,
    Qui des plus petits...

  • Qui voudroit resister à la puissance tienne
    Doux enfant de la nuit, il luy faudroit aux dieux
    S'esgaler tout à fait, escheler les hauts cieux,
    Et de leur doux Nectar humer la coupe pleine :

    Mais garde le tonnerre au fils de Dindymene
    Garde le traitement qu'eurent les factieux
    Qui mont sur mont monté, (forfaict audacieus)
    Rougirent de leur sang la...

  • Fillis, auprès de cet ormeau
    Où paissait son petit troupeau,
    Étant toute triste et pensive,
    De son doigt écrivait un jour
    Sur le sablon de cette rive :
    Alcidon est mon seul amour.

    Je ne devais pas m'assurer
    De voir sa promesse durer
    Parce qu'en chose plus légère
    Ni plus ressemblante à sa foi,
    L'ingrate et parjure bergère
    Ne...

  • À elle-même

    Si c'est quelque chose certaine
    Que l'ambre soit venu des pleurs,
    Par qui les filles de Climène
    Firent connaître leurs douleurs,
    Et que les perles soient encore
    Des larmes que verse l'Aurore ;

    Ô que ces perles ordinaires
    Et cet ambre dont tu te sers
    Présagent de longues misères
    Â ceux qui, vivants dans tes fers...

  • Belle Armide, à quelle raison
    Pour nous tirer en ta prison
    Uses-tu de tant de caresses,
    Puisqu'abusant de ses appas
    Tes beaux yeux nous font des promesses
    Dont ton coeur ne se souvient pas ?

    Quelle erreur t'a pu faire croire
    Qu'on puisse acquérir de la gloire
    Avec tant d'infidélité,
    Et que l'amour et la constance,
    Au prix de la...

  • Le jour passé de ta douce présence
    Fut un serein en hiver ténébreux,
    Qui fait prouver la nuit de ton absence
    A l'oeil de l'âme être un temps plus ombreux,
    Que n'est au Corps ce mien vivre encombreux,
    Qui maintenant me fait de soi refus.

    Car dès le point, que partie tu fus,
    Comme le Lièvre accroupi en son gîte,
    Je tends l'oreille, oyant un...

  • En tel suspens ou de non ou d'oui,
    Je veux soudain et plus soudain je n'ose.
    L'un me rend triste, et l'autre réjoui
    Dépendant tout de liberté enclose.
    Mais si je vois n'y pouvoir autre chose,
    Je recourrai à mon aveugle juge.
    Réfrénez donc, mes yeux, votre déluge :
    Car ce mien feu, malgré vous, reluira.
    Et le laissant à l'extrême refuge,
    Me...