• Vous avez un regard singulier et charmant ;
    Comme la lune au fond du lac qui la reflète,
    Votre prunelle, où brille une humide paillette,
    Au coin de vos doux yeux roule languissamment ;

    Ils semblent avoir pris ses feux au diamant ;
    Ils sont de plus belle eau qu’une perle parfaite,
    Et vos grands cils émus, de leur aile inquiète
    Ne voilent qu’à demi...

  • Beaux et grands bâtiments d’éternelle structure,
    Superbes de matière, et d’ouvrages divers,
    Où le plus digne roi qui soit en l’univers
    Aux miracles de l’art fait céder la nature :

    Beau parc et beaux jardins qui, dans votre clôture,
    Avez toujours des fleurs et des ombrages verts,
    Non sans quelque démon qui défend aux hivers
    D’en effacer jamais l’...

  • Avec ton ciel de nacre et d’ambre

    Tu rehausses les champs, les prés et les villages,
    Ô mois des beaux nuages,
    Septembre !

    La croupe des chevaux et le soc des charrues,
    Et le gars lent qui les conduit, par les labours,
    Sous la haute splendeur de la lumière accrue,
    Groupent l’accord plus clair de leurs mouvements...

  • Les plus beaux vers sont ceux qu’on n’écrira jamais,
    Fleurs de rêves dont l’âme a respiré l’arôme,
    Lueurs d’un infini, sourires d’un fantôme,
    Voix de plaine que l’on entend sur les sommets.

    L’intraduisible espace est hanté de poèmes,
    Mystérieux exil, Eden, jardin sacré
    Où le péché de l’art n’a jamais pénétré,
    Mais que tu pourras voir quelque jour, si...

  • Printemps, par tes premiers beaux jours,

    Où l’on s’en va avec la simple joie
    D’aller, droit devant soi
    Toujours,
    Les champs semblent si doucement frémir à l’air
    Qu’on les dirait vierges et clairs
    Comme aux saisons les plus jeunes du monde.
    Les fleurs bonnes, les eaux profondes
    Et les mousses d’argent et d’or,...

  •  
    Où sont les jours d’hiver pleins de calme infini
    Dans la salle d’étude, aux carreaux blanc de givre ;
    Et les grands abat-jour sur les lampes de cuivre
    Comme autour d’une lune un halo d’or bruni.

    Quel éveil dans nos cœurs quand le soir, en sourdine,
    Chuchotait sa tristesse aux fentes des châssis
    Et que, sur les bancs noirs pensivement assis,
    ...

  • Ces beaux cheveux crêpés, qu'en mille et mille sortes
    Tu trousses bravement sur le haut de ton front,
    Dedans vingt ou trente ans au monde ne seront
    Mais avec le corail de tes deux lèvres mortes :

    Ces deux monts cailletés, des deux fraises retordes,
    Ces deux bras potelés, et ces beaux doigts mourront,
    Seulement au cercueil les cendres demeur'ront
    ...

  • Le ciel avoit decouvert ses beaux yeus,
    Pour eclairer la nuit sombre et obscure,
    Quand j'apperceu la vive pourtraiture
    De celle, ou git mon espoir gracieus.

    Je fu trompé par l'espoir radieus
    Que ses flambeaux jettoient à l'avanture,
    Sur le plus haut de ma propre stature,
    Qui luy servoit d'objet delicieus.

    Si lustre étoit, et limpide sa...

  • Les faux beaux jours ont lui tout le jour, ma pauvre âme,
    Et les voici vibrer aux cuivres du couchant.
    Ferme les yeux, pauvre âme, et rentre sur-le-champ :
    Une tentation des pires. Fuis l'infâme.

    Ils ont lui tout le jour en longs grêlons de flamme,
    Battant toute vendange aux collines, couchant
    Toute moisson de la vallée, et ravageant
    Le ciel tout bleu,...

  • Mon Dieu, que j'aime à baiser les beaux yeux
    De ma maîtresse, et à tordre en ma bouche
    De ses cheveux l'or fin qui s'escarmouche
    Si gaiement dessus deux petits cieux !

    C'est à mon gré le meilleur de son mieux
    Que ce bel oeil, qui jusqu'au coeur me touche,
    Dont le beau noeud d'un Scythe plus farouche
    Rendrait le coeur courtois et gracieux.

    Son...