• Vous en qui je salue une nouvelle aurore,
    Vous tous qui m'aimerez,
    Jeunes hommes des temps qui ne sont pas encore,
    Ô bataillons sacrés !

    Et vous, poëtes, pleins comme moi de tendresse,
    Qui relirez mes vers
    Sur l'herbe, en regardant votre jeune maîtresse
    Et les feuillages verts !

    Vous les lirez, enfants à chevelure blonde,
    Coeurs tout...

  • Comme au printemps de l'autre année,
    Au mois des fleurs, après les froids,
    Par quelque belle matinée,
    Nous irons encore sous bois.

    Nous y verrons les mêmes choses,
    Le même glorieux réveil,
    Et les mêmes métamorphoses
    De tout ce qui vit au soleil.

    Nous y verrons les grands squelettes
    Des arbres gris, ressusciter,
    Et les yeux...

  • Puisque l'aube grandit, puisque voici l'aurore,
    Puisque, après m'avoir fui longtemps, l'espoir veut bien
    Revoler devers moi qui l'appelle et l'implore,
    Puisque tout ce bonheur veut bien être le mien,

    C'en est fait à présent des funestes pensées,
    C'en est fait des mauvais rêves, ah ! c'en est fait
    Surtout de l'ironie et des lèvres pincées
    Et des mots où...

  • Si l'Aurore, toujours, de ses perles arrose
    Cannes, gérofliers et maïs onduleux ;
    Si le vent de la mer, qui monte aux pitons bleus,
    Fait les bambous géants bruire dans l'air rose ;

    Hors du nid frais blotti parmi les vétivers
    Si la plume écarlate allume les feuillages ;
    Si l'on entend frémir les abeilles sauvages
    Sur les cloches de pourpre et les...

  • La nue était d'or pâle, et, d'un ciel doux et frais,
    Sur les jaunes bambous, sur les rosiers épais,
    Sur la mousse gonflée et les safrans sauvages,
    D'étroits rayons filtraient à travers les feuillages.
    Un arome léger d'herbe et de fleurs montait ;
    Un murmure infini dans l'air subtil flottait :
    Choeur des Esprits cachés, âmes de toutes choses,
    Qui font...

  • La glèbe, à son réveil, verte et toute mouillée,
    Autour du bourg couvert d'une épaisse feuillée
    Où les toits assoupis fument tranquillement ;
    Dans la plaine aux replis soyeux que rien ne cerne,
    Parmi les lins d'azur, l'oeillette et la luzerne,
    Berce les jeunes blés pleins de frissonnement.

    Sereine et rafraîchie aux brumes dilatées,
    Sous l'humide baiser...

  • Ô souvenirs ! printemps ! aurore !
    Doux rayon triste et réchauffant !
    - Lorsqu'elle était petite encore,
    Que sa soeur était tout enfant... -

    Connaissez-vous, sur la colline
    Qui joint Montlignon à Saint-Leu,
    Une terrasse qui s'incline
    Entre un bois sombre et le ciel bleu ?

    C'est là que nous vivions, - Pénètre,
    Mon coeur, dans ce passé...

  • I

    L'aurore s'allume ;
    L'ombre épaisse fuit ;
    Le rêve et la brume
    Vont où va la nuit ;
    Paupières et roses
    S'ouvrent demi-closes ;
    Du réveil des choses
    On entend le bruit.

    Tout chante et murmure,
    Tout parle à la fois,
    Fumée et verdure,
    Les nids et les toits ;
    Le vent parle aux chênes,
    L'eau parle aux...

  • La nuit d'hiver étend son aile diaphane
    Sur l'immobilité morne de la savane
    Qui regarde monter, dans le recueillement,
    La lune, à l'horizon, comme un saint-sacrement.
    L'azur du ciel est vif, et chaque étoile blonde
    Brille à travers les fûts de la forêt profonde.
    La rafale se tait, et les sapins glacés,
    Comme des spectres blancs, penchent leurs fronts lassés...

  • L'ombre est lustrale et l'aurore irisée.
    De la branche, d'où s'envole là-haut
    L'oiseau,
    Tombent des gouttes de rosée.

    Une pureté lucide et frêle
    Orne le matin si clair
    Que des prismes semblent briller dans l'air.
    On écoute une source ; on entend un bruit d'ailes.

    Oh ! que tes yeux sont beaux, à cette heure première
    Où nos étangs d'...