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    Ami, la passion du Verbe et de ses lois
    Nous obsède tous deux. Toi, d’une oreille austère,
    Tu scrutes savamment le son dépositaire
    Du génie et du cœur des hommes d’autrefois ;

    Tu sais sur quel passage appuie ou court la voix,
    Sous quelle fixe règle un mot vibre et s’altère.
    Moi qui, sans le sonder, jouis de ce mystère,
    Je nombre le langage en...

  • Poète, il est fini l'âpre temps des épreuves.
    Quitte nos solitudes veuves,
    Et dors, libre et pensif, bercé par tes grands fleuves !

    Au milieu des brumes d'Arvor
    Repose ! Ta chanson va retentir encor
    Sur la lande où sont les fleurs d'or.

    Heureux qui resta pur en ces âges profanes !
    Longtemps les jeunes paysannes
    Répéteront tes vers, de Tréguier...

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    Auguste, mon très bon, qui toujours as fléchi
             Pour les yeux en amande,
    Sais-tu qu’hier matin j’ai beaucoup réfléchi
             Et que je me demande

    Pourquoi décidément ce monde où nous rions
             A tant de choses sombres,
    Et pourquoi Dieu n’a mis que de faibles rayons
             Dans un océan d’ombres ?

    Pourquoi les champs,...

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        Dans l’île Saint-Louis, le long d’un quai désert,
    L’autre soir je passais ; le ciel était couvert,
    Et l’horizon brumeux eût paru noir d’orages,
    Sans la fraîcheur du vent qui chassait les nuages ;
    Le soleil se couchait sous de sombres rideaux ;
    La rivière coulait verte entre les radeaux ;
    Aux balcons çà et là quelque figure blanche
    Respirait...

  • Par une nuit d’été, quand le ciel est d’azur,
    Souvent un feu follet sort du marais impur.
    Le passant qui le voit le prend pour la lumière
    Qui scintille aux carreaux lointains d’une chaumière ;
    Vers le fanal perfide il s’avance à grands pas,
    Tout joyeux ; et bientôt, ne s’apercevant pas
    Qu’un abîme est ouvert à ses pieds, il y tombe,
    Et son corps reste...

  • Le palais de l’empereur. — Au fond, un jardin derrière une colonnade.

    SCÈNE PREMIÈRE ― CHŒUR DE GUERRIERS, CHŒUR DE JEUNES FILLES.

    CHŒUR DES JEUNES FILLES.

    Guerriers, d’où venez-vous ? Pendant ces jours de fête,
    Quel heureux sort vous ramène en ces lieux ?
    Quelle main triomphante a sur vos nobles têtes
    Posé ces lauriers...

  • Quand je veux mesurer votre auguste hautesse
    A l'état abaissé de mon coeur langoureux,
    Je me plains de l'amour, ce tyran rigoureux,
    Qui par si haut objet abusa ma jeunesse,

    D'autant que le penser qui m'élève sans cesse
    Presque ne peut atteindre à cet astre amoureux,
    Tant que hors d'espérance, il me faut, malheureux,
    Redoutant le destin maudir' la...