• Souvent le coeur qu'on croyait mort
    N'est qu'un animal endormi ;
    Un air qui souffle un peu plus fort
    Va le réveiller à demi ;
    Un rameau tombant de sa branche
    Le fait bondir sur ses jarrets
    Et, brillante, il voit sur les prés
    Lui sourire la lune blanche.

  • Leur coeur est ailleurs
    Au ciel peut-être
    Elles errent ici en attendant
    Mon coeur est parmi d'autres astres parti
    Loin d'ici
    Et sillonne la nuit d'un cri que je n'entends pas
    Quel drame peut-être se joue au loin d'ici?
    Je n'en veux rien savoir
    Je préfère être un jeune mort étendu
    Je préfère avoir tout perdu.

    Pour chapeau le firmament...

  • Que me conseillez-vous, mon coeur ?
    Irai-je par devers la belle
    Lui dire la peine mortelle
    Que souffrez pour elle en douleur ?

    Pour votre bien et son honneur,
    C'est droit que votre conseil céle.
    Que me conseillez-vous, mon coeur,
    Irai-je par devers la belle ?

    Si pleine la sais de douceur
    Que trouverai merci en elle,
    Tôt en aurez...

  • Philis, les yeux en pleurs et le coeur en tristesse,
    Implore le secours de notre charité
    Et ne brille pas moins au fort de sa détresse
    Qu'un astre qui reluit parmi l'obscurité.

    Sa seule nudité découvre sa richesse.
    Plus on voit de son corps, plus on voit de beauté,
    Sa pompe est toute en elle et comme une déesse,
    Elle doit son éclat à sa propre clarté....

  • Du triste coeur vouldrois la flamme estaindre,
    De l'estomac les flesches arracher,
    Et de mon col le lien destacher,
    Qui tant m'ont peu brusler, poindre et estraindre ;

    Puis l'ung de glace et l'aultre de roc ceindre,
    Le tiers de fer apris à bien trencher,
    Pour amortir, repousser et hascher
    Foeuz, dardz et neuds, sans plus les debvoir craindre....

  • Mon coeur était jadis comme un palais romain,
    Tout construit de granits choisis, de marbres rares.
    Bientôt les passions, comme un flot de barbares,
    L'envahirent, la hache ou la torche à la main.

    Ce fut une ruine alors. Nul bruit humain.
    Vipères et hiboux. Terrains de fleurs avares.
    Partout gisaient, brisés, porphyres et carrares ;
    Et les ronces...

  • Il pleure dans mon coeur
    Comme il pleut sur la ville ;
    Quelle est cette langueur
    Qui pénètre mon coeur ?

    Ô bruit doux de la pluie
    Par terre et sur les toits !
    Pour un coeur qui s'ennuie,
    Ô le chant de la pluie !

    Il pleure sans raison
    Dans ce coeur qui s'écoeure.
    Quoi ! nulle trahison ?...
    Ce deuil est sans raison.

    C...

  • Ton coeur est fatigué des voyages ? Tu cherches
    Pour asile un toit bas et de chaume couvert,
    Un verger frais baigné d'un crépuscule vert
    Où du linge gonflé de vent pende à des perches ?

    Alors ne va pas plus avant : Voici l'enclos.
    Cette porte d'osier qui repousse des feuilles,
    Ouvre-la, s'il est vrai, poète, que tu veuilles
    Connaître après l'amer...

  • Ce coeur plaintif, ce coeur d'automne,
    Qui veut l'aimer ?
    Ma belle enfant, on vous le donne
    Pour un baiser.

    Amusez-vous, car je vous vois
    Inoccupée,
    A le briser, comme autrefois
    Votre poupée.

    Ce sera moins long que les roses
    A déchirer,
    Puis vous irez à d'autres choses,
    Et moi pleurer.

  • Cheveux crêpes et longs où mon coeur se désire
    Aise d'être enlacé d'un ferme enlacement,
    Bouche au teint vermeillet où mon contentement
    Se voit peint sur ton bord qui le basme soupire,

    Beaux yeux, mes doux flambeaux par qui seuls je respire,
    Beauté, le seul objet de mon entendement,
    Vous voyant un désir m'enflamme doucement,
    Qui du vulgaire lourd...