Hector de Saint-Denys Garneau

  • Ah ! ce n'est pas la peine qu'on en vive
    Quand on en meurt si bien
    Pas la peine de vivre
    Et voir cela mourir, mourir
    Le soleil et les étoiles

    Ah ! ce n'est pas la peine de vivre
    Et de survivre aux fleurs
    Et de survivre au feu, des cendres
    Mais il...

  • Je sors vous découvrir ailleurs les poètes
    Chacun ailleurs en dehors de cette petite vie
    J'irai vous découvrir parmi la vie de tout le monde
    Et la mort de tout le monde
    Où tous ont étalé la fuite de leur vie sur le plancher
    Pas chez moi, je vous en prie.

    C'est...

  • Leur coeur est ailleurs
    Au ciel peut-être
    Elles errent ici en attendant
    Mon coeur est parmi d'autres astres parti
    Loin d'ici
    Et sillonne la nuit d'un cri que je n'entends pas
    Quel drame peut-être se joue au loin d'ici?
    Je n'en veux rien savoir
    Je préfère...

  • Ô mes yeux ce matin grands comme des rivières
    Ô l'onde de mes yeux prêts à tout refléter
    Et cette fraîcheur sous mes paupières
    Extraordinaire
    Tout alentour des images que je vois

    Comme un ruisseau rafraîchit l'Île
    Et comme l'onde fluente entoure
    La...

  • Je veux ma maison bien ouverte,
    Bonne pour tous les miséreux.

    Je l'ouvrirai à tout venant
    Comme quelqu'un se souvenant
    D'avoir longtemps pâti dehors,
    Assailli de toutes les morts
    Refusé de toutes les portes
    Mordu de froid, rongé d'espoir

    ...

  • La grande voix du vent
    Toute une voix confuse au loin
    Puis qui grandit en s'approchant,
    Devient
    Cette voix-ci, cette voix-là
    De cet arbre et de cet autre
    Et continue et redevient
    Une grande voix confuse au loin

  • Dans les champs
    Calmes parasols
    Sveltes, dans une tranquille élégance
    Les ormes sont seuls ou par petites familles.
    Les ormes calmes font de l'ombre
    Pour les vaches et les chevaux
    Qui les entourent à midi.
    Ils ne parlent pas
    Je ne les ai pas entendus...

  • Je ne suis pas bien du tout assis sur cette chaise
    Et mon pire malaise est un fauteuil où l'on reste
    Immanquablement je m'endors et j'y meurs.

    Mais laissez-moi traverser le torrent sur les roches
    Par bonds quitter cette chose pour celle-là
    Je trouve l'équilibre...