Radieuses apothéoses
Du soleil d'or et du ciel bleu,
Fraîche gloire des printemps roses,
Pourquoi donc durez-vous si peu ?
Pourquoi donc êtes-vous si brèves,
Aubes de l'enfance ? Beaux jours,
Si pleins d'aromes et de sèves,
Pourquoi donc êtes-vous si courts ?
Jeunesse, où sont-elles allées
Les hirondelles de jadis ?
Où sont...
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Les champs enfarinés de neige éparpillée
Sont tapissés de blanc, et les arbres couverts
De gros monceaux neigeux tremblent presque à l'envers,
Borée galope en l'air comme à bride avalée.
On marche maintenant sur la Seine gelée,
Et sans crainte de rien on la passe au travers,
Le vent rabat les huis d'un branlement divers,
Au centre de Pluton la... -
I
Qu'il est doux, qu'il est doux d'écouter des histoires,
Des histoires du temps passé,
Quand les branches d'arbres sont noires,
Quand la neige est épaisse et charge un sol glacé !
Quand seul dans un ciel pâle un peuplier s'élance,
Quand sous le manteau blanc qui vient de le cacher
L'immobile corbeau sur l'arbre se balance,
Comme la girouette au... -
La neige à travers la brume
Tombe et tapisse sans bruit
Le chemin creux qui conduit
À l'église où l'on allume
Pour la messe de minuit.
Londres sombre flambe et fume :
Ô la chère qui s'y cuit
Et la boisson qui s'ensuit !
C'est Christmas et sa coutume
De minuit jusqu'à minuit.
Sur la plume et le bitume,
Paris bruit et... -
Un ivoire vivant, une neige animée,
Fait que mon oeil ravi ne s'en peut retirer.
Ô main victorieuse, apprise à bien tirer,
Que tu m'as de beaux traits la poitrine entamée !
Aux célestes beautés mon âme accoutumée
Ne trouve objet que toi qui la puisse attirer,
Et croit qu'elle te peut sans offense adorer,
Tant elle est de ta glace à toute heure... -
J'ai laissé de mon sein de neige
Tomber un oeillet rouge à l'eau.
Hélas ! comment le reprendrai-je
Mouillé par l'onde du ruisseau ?
Voilà le courant qui l'entraîne !
Bel oeillet aux vives couleurs,
Pourquoi tomber dans la fontaine ?
Pour t'arroser j'avais mes pleurs ! -
Ô neige, toi la douce endormeuse des bruits
Si douce, toi la soeur pensive du silence,
Ô toi l'immaculée en manteau d'indolence
Qui gardes ta pâleur même à travers les nuits,
Douce ! Tu les éteins et tu les atténues
Les tumultes épars, les contours, les rumeurs ;
Ô neige vacillante, on dirait que tu meurs
Loin, tout au loin, dans le vague des avenues !... -
Au dedans, le silence et la paix sont profonds ;
De froides pesanteurs descendent des plafonds,
Et, miroirs blanchissants, des parois colossales
Cernent de marbre nu l'isolement des salles.
De loin en loin, et dans les dalles enchâssé,
Un bassin de porphyre au rebord verglacé
Courbe sa profondeur polie, où l'onde gèle ;
Le froid durcissement a poussé... -
C'est un après-midi du Nord.
Le ciel est blanc et morne. Il neige ;
Et l'arbre du chemin se tord
Sous la rafale qui l'assiège.
Depuis l'aurore, il neige à flots ;
Tout s'efface sous la tourmente.
A travers ses rauques sanglots
Une cloche au loin se lamente.
Le glas râle dans le brouillard,
Qu'aucune lueur n'illumine...
Voici venir... -
La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.
Mais on entend parfois, comme une morne plainte,
Quelque chien sans abri qui hurle au coin d'un bois.
Plus de chansons dans l'air, sous nos pieds plus de chaumes.
L'hiver s'est abattu sur toute floraison ;
Des arbres dépouillés dressent à l'horizon
...