•  
    D'un triste désespoir ma vie je bourrelle,
    Je la veux obscurcir d'une nuit éternelle,
    Puisque je suis si loin de mon heureux soleil,
    Car sans âme je vis, sans poumon je respire,
    Et absent de mon bien mon douloureux martyre
    Ensevelit mon coeur sous l'oublieux sommeil.

    Je vis, je ne vis pas, je meurs, je ne meurs pas,
    Il n'y a point de vie, il n...

  • D'un triste désespoir ma vie je bourrelle,
    Je la veux obscurcir d'une nuit éternelle,
    Puisque je suis si loin de mon heureux soleil,
    Car sans âme je vis, sans poumon je respire,
    Et absent de mon bien mon douloureux martyre
    Ensevelit mon coeur sous l'oublieux sommeil.

    Je vis, je ne vis pas, je meurs, je ne meurs pas,
    Il n'y a point de vie, il n'est...

  • ... Helas, il me souvient que quand son pasle corps
    Fut mis à reposer en la couche des morts
    J'entray dedans la chambre où le plomb qui l'enserre
    Gisoit sans nulle pompe estendu contre terre,
    Pendant que l'artizan à cet oeuvre empesché,
    De maint ais resonnant l'un à l'autre attaché,
    Formoit la triste chambre où la fatale marque
    Des fourriers de la mort...

  • Je n'ay veu qu'à regret la clarté du Soleil,
    Et rien tant soit-il beau n'a mon ame ravie,
    Depuis qu'en soupirant j'éloignay ce bel oeil,
    De qui la seule veuë est tout l'heur de ma vie.

    Les jours les plus luisants me sont obscures nuits,
    Que je passe en tristesse et complaintes funebres,
    Ne pouvant le ciel mesme, au fort de tant d'ennuis,
    Illuminer le...

  • Ne lisez pas ces vers, si mieux vous n'aimez lire
    Les escrits de mon coeur, les feux de mon martyre :
    Non, ne les lisez pas, mais regardez aux Cieux,
    voyez comme ils ont joint leurs larmes à mes larmes,
    Oyez comme les vents pour moy levent les armes,
    A ce sacré papier ne refusez vos yeux.

    Boute-feux dont l'ardeur incessamment me tuë,
    Plus n'est ma...

  • Vous de moi tant aimés, ô déserts solitaires
    Où j'ai souvent sans fruit semé mes tristes voix,
    Soyez, je vous supplie, encore cette fois
    De mes derniers sanglots les loyaux secrétaires.

    Et toi, fille de l'air, ô Écho forestière,
    Ne réponds plus au son de mes tristes regrets,
    Et vous aussi, courriers de mes ennuis secrets,
    Zéphirs, n'éventez point...

  • Plaignez-moi, chers amants, que le ciel adversaire
    Jadis a transformés dans ce bois solitaire
    En arbres et en fleurs,
    Et toi plaisant, Narcis, quitte un peu ta fontaine,
    Si tu veux voir d'Amour la figure certaine,
    Mire-toi dans mes pleurs !

    Je me plais au travail que sans cesse j'endure,
    Avec ces hauts sapins mon désir se mesure
    Et s'accroît tous...

  • Considérant le cours de vie humaine,
    Mon simple état, train tel que et domaine,
    Qu'il n'est besoin le mettre en inventaire,
    N'enregistrer, mais trop mieux de le taire,
    Certain je suis que des biens terriens
    Après la mort n'emporte en terre rien
    Le riche et plain, soit-il gras ou mesgret,
    Fors un linceul. Posé qu'il soit esgret*
    Passer le pas, où...