Vous de moi tant aimés, ô déserts solitaires
Où j'ai souvent sans fruit semé mes tristes voix,
Soyez, je vous supplie, encore cette fois
De mes derniers sanglots les loyaux secrétaires.
Et toi, fille de l'air, ô Écho forestière,
Ne réponds plus au son de mes tristes regrets,
Et vous aussi, courriers de mes ennuis secrets,
Zéphirs, n'éventez point cette plainte dernière.
Esprits qui habitez dans la forêt époisse
Du manoir ténébreux des horribles Enfers,
Si vous saviez les maux qu'en aimant j'ai soufferts,
Vous plaindriez mes tourments plutôt que votre angoisse.
.... Hélas ! je suis semblable aux rivières bruyantes
Qui tant plus on arrête et empêche leur cours
Bruyent plus vivement, et quittant leurs détours,
Noyent se débordant les campagnes riantes.
Ainsi plus la rigueur des yeux de ma maîtresse
Noye mon espérance en la mer de mes pleurs,
Plus je veux adorer les amoureuses fleurs
De son teint blanchissant et sa luisante tresse.