• Le vent nocturne, que parfume
    L’odeur fraîche des floraisons,
    Fait tinter à travers la brume
    Les flots sonores des chansons.

    Le charme d’un frisson lunaire
    Court et palpite dans la voix
    Qui bruit argentine et claire
    Sous le silence obscur du bois.

    Le sommeil sourd des rameaux sombres
    Emplit mystérieusement
    L’horreur frissonnante des...

  • Tout dort. Les ponts avec le gaz de leurs lanternes
    Se reflètent dans l’eau profonde. Entre les quais
    Voguent péniblement des bateaux remorqués,
    Et voici l’Hôtel-Dieu que flanquent des casernes.

    Voyez, se découpant sur les nuages ternes,
    Un vague entassement d’édifices tronqués,
    De vieux donjons pareils à des géants masqués,
    D’ogives, de créneaux, de...

  • Un long bras timbré d'or glisse du haut des arbres
    Et commence à descendre et tinte dans les branches.
    Les feuilles et les fleurs se pressent et s'entendent.
    J'ai vu l'orvet glisser dans la douceur du soir.
    Diane sur l'étang se penche et met son masque.
    Un soulier de satin court dans la clairière
    Comme un rappel de ciel qui rejoint l'...

  • Oh ! les durs, durs pavés
    Pour les petits pieds nus
    Des enfants perdus,
    Des enfants trouvés !

    Oh ! pour les non-repus,
    Et pour les sans-logis,
    ...

  • la nuit coupe ronde
    qui dans la laine bleue du calme s’enlise
    vilno ville église
    dort blanche colombe

    enjambant la ruelle cette arcade
    maison serrant la main d’une autre
    c’est figée soudain

    le reverbére leur blafarde
    se panche sur la pave clignote
    et le vent fait vibre le jardin

    la vilia s’allonge
    gronde contre...

  • Que chantent les grillons et s'allument les phares !
    Un esprit est venu sur le fleuve houleux
    Réapprendre à nos coeurs des mots miraculeux.
    N'incite plus, ô vent, les feuilles aux bagarres.
    Dans l'air est apparu l'ancien rêve d'amour,
    L'impérissable rêve au chaste et blanc contour.
    Grillons, chantez encore et que brillent les phares !

    Voici notre...

  • Ma chambre garde au coeur une vertu glacée ;
    ce soir d'hiver je suis son plus rude ennemi.
    Mais je puise une faim de victoire et de cris
    dans le silence même où elle est enfoncée.

    Sans peur, sans joie, avec une voix mesurée,
    mûrie et nourrissante à la façon des fruits,
    je dis que mon poème est heureux de la nuit.
    Il se forme et il monte avec un...

  • Quel calme nocturne, quel calme
    nous pénètre du ciel.
    On dirait qu'il refait dans la palme
    de vos mains le dessin essentiel.

    La petite cascade chante
    pour cacher sa nymphe émue ...
    On sent la présence absente
    que l'espace a bue.