• Beaux et grands bâtiments d’éternelle structure,
    Superbes de matière, et d’ouvrages divers,
    Où le plus digne roi qui soit en l’univers
    Aux miracles de l’art fait céder la nature :

    Beau parc et beaux jardins qui, dans votre clôture,
    Avez toujours des fleurs et des ombrages verts,
    Non sans quelque démon qui défend aux hivers
    D’en effacer jamais l’...

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    J’ai mal d’amour tant violent
    Que nul mal ne le saurait guérir...
    GUSTAVE KAHN

    Atome parmi les autres atomes,
    je flottais dans des rais de soleil ou dans l’ombre
    Je ne voulais rien qu’accomplir mon destin,
    vivre mes soirs et mes matins...
    Parce qu’un autre atome a passé,
    me voici gisant à terre et blessé...
    Il a...

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            Dalila, courtisane au front mystérieux,
            Aux mains de sortilège et de ruse, aux longs yeux
            Où luttaient le soleil, l’orage et la nuée,
            Rêvait :
                                « Je suis l’esclave et la prostituée,
            La fleur que l’on effeuille au festin du désir,
            La musique d’une heure et le chant d’un loisir...

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    À François Coppée.

    I

    Marthe était née au fond d’un village des Flandres,
    Autour duquel un fleuve enroule ses méandres,
    De flots moirés coulant entre deux talus verts.
    Leur maison, nonobstant sa forme villageoise,
    Etait coquette avec son toit luisant d’ardoise
    Et ses petits volets au soleil large ouverts.

    Son père...

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    En vain ton corps palpite et parle avec cent voix,
    Ils disent l’âme absente,
    Nature ! et tu n’as rien sous tes flots, sous tes bois,
    Rien qui rêve et qui sente.

    Simple théâtre, en toi l’homme seul est acteur,
    Lui seul veut, souffre, expie.
    Qui voit l’esprit frémir sous ta face est menteur,
    Qui t’adore est impie.

    Dans ce bruyant vallon,...

  • Ils avaient dit bonsoir aux femmes
    En train de coucher les petits ;
    Et, sur le dos mouvant des lames,
    A la brune, ils étaient partis.


    Ils étaient partis, à mer haute,
    Pour conquérir le pain amer
    Qu'il faut gagner loin de la côte,
    Au péril de la haute mer.

    Dans la nuit, la nuit sans étoiles,
    Ils disparurent... A Dieu vat !
    Le...

  • Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
    Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
    Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
    Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.
    Comme le renouveau mettra nos coeurs en fête,
    Nous nous croirons encore de jeunes amoureux,
    Et je te sourirai tout en branlant la tête,
    Et nous ferons...

  • S'il est vrai que le ciel ait sa course éternelle,
    Que l'air soit inconstant, la mer sans fermeté,
    Que la terre en hiver ne ressemble à l'été,
    Et que pour varier la nature soit belle ;

    S'il est vrai que l'esprit d'origine immortelle,
    Cherchant toujours d'apprendre, aime la nouveauté,
    Et si même le corps, pour durer en santé,
    Change avec les...

  • Et j'irai le long de la mer éternelle
    Qui bave et gémit en les roches concaves,
    En tordant sa queue en les roches concaves ;
    J'irai tout le long de la mer éternelle.

    Je viendrai déposer, ô mer maternelle,
    Parmi les varechs et parmi les épaves,
    Mes rêves et mon orgueil, mornes épaves,
    Pour que tu les berces, ô mer maternelle.

    Et j'écouterai...

  • Dites, les gens, les vieilles gens,
    Que s'exaltent les coeurs dans vos hameaux ;
    Dites, les gens, les vieilles gens,
    Que la clarté s'éveille en vos carreaux
    Qui regardent la route,
    Car les mages avec leurs blancs manteaux,
    Car les bergers avec leurs blancs troupeaux,
    Sont là qui débouchent et qui écoutent
    Et qui s'avancent sur la route.
    ...