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    I

    Le prêtre avait béni l’enfant qu’on enterrait… —
    Trois vieilles sœurs buvaient au fond d’un cabaret.

    Depuis dix ans les sœurs ne s’étaient rencontrées
    Qu’une fois ; les soleils de Paris sont trop courts :
    On se voit quand on peut dans la suite des jours,
    Comme des voyageurs des lointaines contrées ;
    Du faubourg...

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    Fauves, couvrant l’horreur, le mystère et l’ennui,
    Tantôt pleines de jour, tantôt pleines de nuit,
              De murmures et de silences ;
    Hostiles au toucher comme des hérissons,
    Elles sont là, mêlant à d’éternels frissons
              D’interminables somnolences.

    Elles ont l’attitude et la couleur des bois :
    Aubépines, genêts, fougères, et...

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    Je n’aime pas les maisons neuves :
    Leur visage est indifférent ;
    Les anciennes ont l’air de veuves
    Qui se souviennent en pleurant.

    Les lézardes de leur vieux plâtre
    Semblent les rides d’un vieillard ;
    Leurs vitres au reflet verdâtre
    Ont comme un triste et bon regard !

    Leurs portes sont hospitalières,
    Car ces barrières ont vieilli...

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    Que vous disent les vieilles rues
    Des vieilles cités ? . . .
    Parmi les poussières accrues
    De leurs vétustés,
    Rêvant de choses disparues,
    ...

  • A Victor Hugo

    I

    Dans les plis sinueux des vieilles capitales,
    Où tout, même l'horreur, tourne aux enchantements,
    Je guette, obéissant à mes humeurs fatales
    Des êtres singuliers, décrépits et charmants.

    Ces monstres disloqués furent jadis des femmes,
    Éponine ou Laïs ! Monstres brisés, bossus
    Ou tordus, aimons-les ! ce sont encor des âmes...

  • Que ton souffle renaisse, Eté des vieilles joies,
    Et ramène l'espoir et son divin cortège,
    Et ravive l'écho de mes pas sur la grève
    Où le vol des corbeaux et des rêves tournoie.

    Car ma jeunesse s'empoussière aux vains grimoires,
    Tant qu'elle sèche et peu à peu se désagrège,
    Et l'automne, duègne ridée et sacrilège,
    Vert-de-grise l'étang de mon âme...

  • L'hirondelle au printemps cherche les vieilles tours,
    Débris où n'est plus l'homme, où la vie est toujours ;
    La fauvette en avril cherche, ô ma bien-aimée,
    La forêt sombre et fraîche et l'épaisse ramée,
    La mousse, et, dans les noeuds des branches, les doux toits
    Qu'en se superposant font les feuilles des bois.
    Ainsi fait l'oiseau. Nous, nous cherchons, dans la...

  • Pauvres vieilles cités par les plaines perdues,
    Dites de quel grand plan de gloire,
    Vers la vie humble et dérisoire,
    Toutes, vous voilà descendues.

    Vous ne comprenez plus vos hauts beffrois en deuil,
    Ni ce que disent aux nuées
    Tant de pierres destituées
    De leur ancien et bel orgueil,

    Vos carrefours, vos grand'places et votre port,
    ...