• Cathédrale monstre ! Bâtie
    Contre le droit et le devoir !
    Plan incliné. La sacristie,
    Glissante, devient l’abattoir.

    Ici les cierges, là les torches.
    Dans ce temple, à deux fins construit,
    On juxtapose les deux porches
    De la lumière et de la nuit.

    Fausse lumière et nuit réelle.
    L’ombre de Rome sur Paris.
    Une aigle ayant au bout de l...

  • Ce n’est pas qu’elle fût bien belle ;
    Mais nous avions tous deux vingt ans,
    Et ce jour-là, – je me rappelle, –
    Était un matin de printemps.

    Ce n’est pas qu’elle eût l’air bien grave ;
    Mais je jure ici que jamais
    ]e n’ai rien osé de plus brave
    Que de lui dire que j’aimais.

    Ce n’est pas qu’elle eût le cœur tendre ;
    Mais c’était si...

  •  

    LA première qu’on aime est toujours la plus belle.
    On la cherche des yeux comme du souvenir.
    Elle ne peut cesser de nous appartenir
    Par ce qu’il reste en nous de jouissance d’elle.

    Notre cœur inconstant lui demeure fidèle.
    C’est elle qu’en nos bras nous rêvons de tenir
    En toute femme aimée, et qu’on voit revenir
    Dans un sourire, un geste, un...

  •  

    NOUS irons au soleil respirer le printemps
    Qui descend du ciel pur en rayons éclatants.
    L’air est déjà chargé de tiédeur vaporeuse,
    Flottante et douce comme une fumée heureuse.
    Tout le long des sentiers où la neige a fondu
    Et par petits ruisseaux d’argent clair descendu,
    Sous le rayonnement royal du jour superbe,
    Nous chercherons, joyeux et...

  •  

    QUELQUES feuilles au bout des branches sont jaunies,
    Les arbres ont encor de frêles harmonies
    Et, bercés par le vent qu’attiédit le soleil,
    Ils rêvent d’un automne au lourd été pareil
    Mais voici que Septembre, au détour de l’année,
    Vient dans la pourpre et l’or fixer leur destinée.
    Leur songe bienheureux ne l’entend pas venir
    Ils continuent,...

  •  
    Le jour naît et s’enfuit, et toujours les navires
    Ouvrent, sur les flots bleus, leurs voiles aux zéphyrs.
    Après avoir laissé des rivages divers,
    Ils longent dans leur course une île aux bords déserts,
    Un immense rocher qui dresse sur les ondes
    Son dos âpre et sinistre, où des oiseaux immondes
    Viennent seuls, le printemps, jetant de tristes cris,...

  •  
    Dans mon verger clos de buis,
             Où je puis
    Tout surveiller de ma chambre,
    Mes deux pommiers — quel malheur ! ―
             Sont en fleur...
    Et nous touchons à novembre.

    Un caprice, un faux réveil
             Du soleil
    Au printemps leur a fait croire ;
    Et les fleurs imprudemment,
             Un moment,
    Ont blanchi l'écorce...

  •  
    I

    Noë rêvait. Le ciel était plein de nuées.
    On entendait au loin les chants et les huées
    Des hommes malheureux qu’un souffle allait courber.
    Un nuage muet soudain laissa tomber
    Une goutte de pluie au front du patriarche.
    Alors Noë, suivi des siens, entra dans l’arche,
    Et Dieu pensif poussa du dehors le verrou.

    Le mal avait filtré dans...

  •  
    Lorsque les ans auront glacé mon cœur,
    Et sur mon front mis leur blanc diadème,
    Quand j’aurai vu tous les rêves que j’aime
    S’évanouir au souffle du malheur,

    Si la souvenance d’un temps meilleur
    Ne me rend pas l’ombre de ma bohème,
    Devant la faulx de la Camarde blême.
    Je pousserai mon cadavre sans peur !

    Aussi, pour vivre aux heures de...

  • En ce temps-là, Jésus était dans la Judée ;
    Il avait délivré la femme possédée,
    Rendu l’ouïe aux sourds et guéri les lépreux ;
    Les prêtres l’épiaient et parlaient bas entre eux.
    Comme il s’en retournait vers la ville bénie,
    Lazare, homme de bien, mourut à Béthanie.
    Marthe et Marie étaient ses sœurs ; Marie, un jour,
    Pour laver les pieds nus du maître...