Dans mon verger clos de buis,
Où je puis
Tout surveiller de ma chambre,
Mes deux pommiers — quel malheur ! ―
Sont en fleur...
Et nous touchons à novembre.
Un caprice, un faux réveil
Du soleil
Au printemps leur a fait croire ;
Et les fleurs imprudemment,
Un moment,
Ont blanchi l'écorce noire.
Mes pêchers, mon grand souci,
Vont ainsi
Rougir dans la matinée
Et perdre, à ce jeu trompeur,
J’en ai peur,
Leurs fruits de toute une année.
Mais un vent souffle du nord,
Âpre et fort,
Et les avertit du piège.
Tout mon jardin réservé
Est sauvé !
Voici la première neige.
Tombe, ô neige ! et tiens couverts
Les blés verts,
L’espoir des moissons prochaines ;
Étends sur eux le duvet
Qui revêt
Déjà le front des vieux chênes !
Viens marquer son dernier jour
À l’amour ;
Arrête une folle sève :
S’il s’est trompé de saison,
En prison
Viens clore aussi mon doux rêve !
Sur mes cheveux tu descends ;
Je t’y sens,
O neige ! et je m’en étonne.
Le soleil était si chaud !...
Il le faut,
Dis-moi bien que c’est l’automne.