• Sur les visages des floraisons d’or,
    Voici qu’un auroral soleil se penche
    Et les frôlant, de branche en branche,
    Dans une clarté pourpre éclate en baisers d’or.

    Pulpeux et lourds, comme des bouches rouges
    Et lumineux de leurs sèves hautaines,
    Sous des rameaux feuillus, qui cachent des fontaines,
    L’aube caille le sang des raisins...

  •  
    Je m’habille des loques de mes jours ;
    Et le bâton de mon orgueil, il plie.
    Mes pieds, dites, comme ils sont lourds
    De me porter, de me traîner, toujours,
    Au long du siècle de ma vie.
    Mon âme est un carillon noir
    Qui sonne au loin, sur un rempart,
    Qui sonne à vide ;
    Mes bras sont vains
    Toute ma tête est vaine...

  • Après la moisson faite et tous les blés rentrés,
    Quand depuis plus d’un mois les champs sont labourés,
    Qu’il gèlera demain, et qu’une fois encore
    L’Automne, du plus haut des coteaux qu’elle dore,
    Se retourne en fuyant, le front dans un brouillard,
    Oh ! que la plaine est triste autour du boulevard !
    C’est au premier coup d’œil une morne étendue,
    Sans...

  • Octobre.

    Après la moisson faite et tous les blés rentrés,
    Quand depuis plus d'un mois les champs sont labourés,
    Qu'il gèlera demain, et qu'une fois encore
    L'Automne, du plus haut des coteaux qu'elle dore,
    Se retourne en fuyant, le front dans un brouillard,
    Oh ! que la plaine est triste autour du boulevard !
    C'est au premier coup doeil une morne...

  • Dans l'interminable
    Ennui de la plaine
    La neige incertaine
    Luit comme du sable.

    Le ciel est de cuivre
    Sans lueur aucune.
    On croirait voir vivre
    Et mourir la lune.

    Comme les nuées
    Flottent gris les chênes
    Des forêts prochaines
    Parmi les buées.

    Le ciel est de cuivre
    Sans lueur aucune.
    On croirait voir vivre...

  • Cette plaine sans un chemin
    Figure au fond de la vallée
    La solitude immaculée
    Vierge de tout passage humain.

    Presque nue, elle a du mystère,
    Une étrangeté qui provient
    De ses teintes d'aspect ancien
    Et de son grand silence austère.

    Une brise lourde, parfois,
    Y laissant sa longue traînée,
    Elle exhale l'odeur fanée
    Des...

  • Vers l?occident, là-bas, le ciel est tout en or ;
    Le long des prés déserts où le sentier dévale
    La pénétrante odeur des foins coupés s?exhale,
    Et c?est l?heure émouvante où la terre s?endort.

    Las d?avoir, tout un jour, penché mon front qui brûle,
    Comme on pose un fardeau, j?ai quitté la maison.
    J?ai soif de grande ligne et de vaste horizon,
    Et devant...

  • La plaine est morne, avec ses clos, avec ses granges
    Et ses fermes dont les pignons sont vermoulus,
    La plaine est morne et lasse et ne se défend plus,
    La plaine est morne et morte - et la ville la mange.

    Formidables et criminels,
    Les bras des machines diaboliques,
    Fauchant les blés évangéliques,
    Ont effrayé le vieux semeur mélancolique
    Dont...

  • Je veux mener tes yeux en lent pèlerinage
    Vers ces loins de souffrance, hélas ! où depuis quand,
    Depuis quels jours d'antan, mon coeur fait hivernage !

    C'est mon pays d'immensément,
    Où ne croît rien que du néant,
    Battu de pluie et de grand vent.

    C'est mon pays de long linceul.
    Mes rivières y font de lents serpents
    D'eau jaune à travers de...

  • Par les plaines de mon âme, tournée au Nord,
    Le vieux berger des novembres mornes, il corne,
    Debout, comme un malheur, au seuil du bercail morne,
    Il corne au loin l'appel des brebis de la mort.

    L'étable est faite en moi avec mon vieux remord,
    Au fond de mes pays de tristesse sans borne,
    Par les plaines de mon âme, qu'une viorne,
    Lasse de ses flots...