• À ERNEST HÉBERT

    Au fond du parc, dans une ombre indécise,
    Il est un banc, solitaire et moussu,
    Où l’on croit voir la Rêverie assise,
    Triste et songeant à quelque amour déçu.
    Le Souvenir dans les arbres murmure,
    Se racontant les bonheurs expiés ;
    Et, comme un pleur, de la grêle ramure
          Une feuille tombe à vos pieds.

    ...

  •  

    À Catulle Mendès.

    Sur ce couvercle de tombeau
       Elle dort. L’obscur artiste
    Qui l’a sculptée a vu le beau
           Sans rien de triste.

    Joignant les mains, les yeux heureux
       Sous le voile des paupières,
    Elle a des rêves amoureux
           Dans ses prières.

    Sous les plis lourds du vêtement,
       La chair...

  • Au fond du parc, dans une ombre indécise,
    Il est un banc solitaire et moussu
    Où l’on croit voir la Rêverie assise,
    Triste et songeant à quelque amour déçu.
    Le Souvenir dans les arbres murmure,
    Se racontant les bonheurs expiés ;
    Et comme un pleur, de la grêle ramure
    Une...

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    Or saint Pierre et Marthe la bonne,
    voici que le coq a chanté,
    et que, Jésus ressuscité,
    c’est grande fête chez les hommes

    et que Pâques dit sa bonté
    sur les villes et sur les toits,
    et dans la chair, et dans la foi,
    puisqu’il fait doux comme en été.

    Mais Flandre alors déjà si...

  • Fantastiques d’aspect sous leur noire capote,
    Mais, très humaines par leurs caquets superflus,
    Les commères, barrant la route aux verts talus,
    À la messe s’en vont d’un gros pas qui sabote.

    « Tiens ! v’là l’pèr’ Pierr’ ! fait l’une, un malin, celui-là !
    Pour accrocher l’poisson quand personn’ peut en prendre ;
    I’ dit q’quand il a faim, d’fumer q’ça l’fait...

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    À Jules Bailly.

    I

    C’étaient vraiment des gens heureux. Ils étaient trois :
    Le père, adroit maçon parmi les plus adroits ;
    La mère, brave femme à peu prés du même âge,
    Qui travaillait en ville et soignait son ménage ;
    Enfin, pour compléter ce doux intérieur,
    Un garçon, un unique enfant frais et rieur,
    Que la...

  • Par une rue étroite, au cœur du vieux Paris,
    Au milieu des passants, du tumulte et des cris,
    La tête dans le ciel et le pied dans la fange,
    Cheminait à pas lents une figure étrange :
    C’était un grand vieillard, sévèrement drapé,
    Noble et sainte misère, en son manteau râpé.
    Son œil d’aigle, son front argenté vers les tempes,
    Rappelaient les fiertés des...

  •  
    Pierre, je t’ai vu naître et de ta jeune gloire
    J’aimerais à fêter les lauriers radieux.
    D’où vient donc ton silence et quelle est l’humeur noire
    Qui fait plier ton aile et te ferme les cieux ?

    Je la connais ; je sais qu’une triste chimère
    A toujours assombri ton âme. La Vertu
    Que tu voulais chanter dans ton désir austère
    A mis son doigt glacé...

  • Et des bouches d’argent et des regards de pierre
    Taisent immensément le glacial mystère
    De ce minuit, dallé d’ennui.

    En des cirques d’éther et d’or, seules et seules,
    Les constellations tournent comme les meules
    De ce minuit, dallé d’ennui

    Des monuments silencieux et des étages
    Se devinent, par au-delà des grands nuages
    De ce minuit, dallé d’...

  • A Catulle Mendès.

    Sur ce couvercle de tombeau
    Elle dort. L'obscur artiste
    Qui l'a sculptée a vu le beau
    Sans rien de triste.

    Joignant les mains, les yeux heureux
    Sous le voile des paupières,
    Elle a des rêves amoureux
    Dans ses prières.

    Sous les plis lourds du vêtement,
    La chair apparaît rebelle,
    N'oubliant pas complètement...