• A quoi pensez-vous, ô drapeaux
    De nos dernières citadelles,
    Vous qui comptez plus de corbeaux
    Dans notre ciel que d’hirondelles ?

    A quoi penses-tu, laboureur,
    Qui, dans un sillon de charrue,
    Te détournes devant l’horreur
    D’une tête humaine apparue ?

    A quoi penses-tu, forgeron,
    Quand ton marteau rive des chaînes ?
    A quoi penses-tu,...

  • III

    Ouvrière sans yeux, Pénélope imbécile,
    Berceuse du chaos où le néant oscille,
    Guerre, ô guerre occupée au choc des escadrons,
    Toute pleine du bruit furieux des clairons,
    Ô buveuse de sang, qui, farouche, flétrie,
    Hideuse, entraîne l'homme en cette ivrognerie,
    Nuée où le destin se déforme, où Dieu fuit,
    Où flotte...

  •  

    Du Volga sur leurs bidets grêles
    Les durs Baskirs vont arriver.
    Avril est la saison des grêles,
    Et les balles vont le prouver.

    Les neiges ont fini leurs fontes,
    Les champs sont verts d’épis nouveaux ;
    Mettons les pistolets aux fontes
    Et les harnais d’or aux chevaux.

    Que le plus vieux chef du Caucase
    Bourre, en présence des aînés...

  •  
    Il est souillé, le sol sacré de la patrie !
    Nos cités, nos moissons, nos champs sont saccagés ;
    Les toits fument ! Debout pour la sainte tuerie !
    Frappez ! fauchez ! hachez ! des deux mains égorgez !

    Ils descendent du nord, Vandales d’un autre âge,
    Semant partout le meurtre et le crime et le vol.
    De la terre des Franks ils rêvent le partage :
    ...

  •  

    I

    Du fer, du feu, du sang ! C’est elle ! c’est la Guerre
    Debout, le bras levé, superbe en sa colère,
    Animant le combat d’un geste souverain.
    Aux éclats de sa voix s’ébranlent les armées ;
    Autour d’elle traçant des lignes enflammées,...

  •  
    I

    Un peuple florissait, jeune encor dans l’histoire,
    Nourri quatre-vingt ans et de paix et de gloire,
    Libre et grand, riche et fort, beau, puissant, redouté,
    Il s’élançait, joyeux, vers la postérité.
    Son or, de l’ancien monde appelait l’indigence ;
    Ses champs et ses maisons regorgeaient d’opulence ;
    Son pays, de trésors jonché de toute parte,...

  •  
    La foule était tragique et terrible ; on criait :
    À mort ! Autour d'un homme altier, point inquiet,
    Grave, et qui paraissait lui-même inexorable,
    Le peuple se pressait : À mort le misérable !
    Et, lui, semblait trouver toute simple la mort.
    La partie est perdue, on n'est pas le plus fort,
    On meurt, soit. Au milieu de la foule accourue,
    Les...

  •  
    Italie, en combats terre toujours féconde,
    Toi, dont l'antique gloire illumine le monde ;
    Foyer resplendissant de génie et de foi,
    Toi, dont le front serein domina les orages,
    Et qui toujours as vu, dans l'histoire des âges,
    Les siècles qui passaient s'incliner devant toi !

    Du divin Raphaël immortelle patrie,
    Toi, dont le nom suave est une...

  •  
    « Des bords du Dniéper aux mers de l'Amérique,
    « Des rivages du Don aux flots de la Baltique,
    « Mon aigle à double tête étend son vol vainqueur;
    « Les peuples ont gardé l'empreinte de sa serre,
    « Et, tremblant désormais au bruit de son tonnerre,
    « Se taisent de frayeur.

    « Pour acheter les rois j'ai l'or de Sibérie;
    « J'ai les îles d'Aland au...

  • La Guerre, ivre de sa colère,
    Embouche ses clairons sonores ;
    Terre, déjà tu te colores
    De ce sang fumant qu’elle flaire.

    L’incendie effrayant l’éclaire,
    Comme de rouges météores ;
    La Guerre, ivre de sa colère,
    Embouche ses clairons sonores.

    Et pour réclamer leur salaire,
    O Dieu ! dans les cieux que tu dores,
    Les vautours, sous l’...