• Fille du grand Daumier ou du sublime Cham,
    Toi qui portes du reps et du madapolam,
    O Muse de Paris ! toi par qui l'on admire
    Les peignoirs érudits qui naissent chez Palmyre,
    Toi pour qui notre siècle inventa les corsets
    A la minute, amour du puff et du succès !
    Toi qui chez la comtesse et chez la chambrière
    Colportes Marivaux retouché par Barrière,...

  • Accablé de soif, l'Amour
    Se plaignait, pâle de rage,
    A tous les bois d'alentour.
    Alors il vit, sous l'ombrage,
    Des enfants à l'oeil d'azur
    Lui présenter un lait pur
    Et les noirs raisins des treilles.
    Mais il leur dit : Laissez-moi,
    Vous qui jouez sans effroi,
    Enfants aux lèvres vermeilles !
    Petits enfants ingénus
    Qui folâtrez demi-nus,...

  • Beauté tragique et vénéneuse,
    Genèvre, Ô pale empoisonneuse
    Dont les refus lents et savants

    M'ont appris l'amère ironie
    Des vains désirs à l'agonie
    De l'amour même survivants,

    Je hais et maudis ta mémoire,
    Coupe d'or où ne veut plus boire
    Mon coeur las, altéré d'oubli.

    Déjà lointaine comme un songe,
    Tu n'étais plus qu'un...

  • La nuit tiède est clémente à la ville qui dort ;
    Des lys impérieux triomphent dans la chambre
    Et cependant nos coeurs sont froids comme Décembre
    Et nos baisers d'amour amers comme la mort.

    Ta douce bouche s'ouvre à des chansons mièvres
    Et tes seins bienveillants accueillent mon front las ;
    Mais, ô ma douloureuse enfant, je ne sais pas
    Pourquoi les...

  • Reprends de ce bouquet les trompeuses couleurs,
    Ces lettres qui font mon supplice,
    Ce portrait qui fut ton complice ;
    Il te ressemble, il rit, tout baigné de mes pleurs.

    Je te rends ce trésor funeste,
    Ce froid témoin de mon affreux ennui.
    Ton souvenir brûlant, que je déteste,
    Sera bientôt froid comme lui.

    Oh ! Reprends tout. Si ma main...

  • Amour, divin rôdeur, glissant entre les âmes,
    Sans te voir de mes yeux, je reconnais tes flammes.
    Inquiets des lueurs qui brûlent dans les airs,
    Tous les regards errants sont pleins de tes éclairs...

    C'est lui ! Sauve qui peut ! Voici venir les larmes !...
    Ce n'est pas tout d'aimer, l'amour porte des armes.
    C'est le roi, c'est le maître, et, pour le désarmer...

  • Vous demandez si l'amour rend heureuse ;
    Il le promet, croyez-le, fût-ce un jour.
    Ah ! pour un jour d'existence amoureuse,
    Qui ne mourrait ? la vie est dans l'amour.

    Quand je vivais tendre et craintive amante,
    Avec ses feux je peignais ses douleurs :
    Sur son portrait j'ai versé tant de pleurs,
    Que cette image en paraît moins charmante.

    Si le...

  • Vous souvient-il de cette jeune amie,
    Au regard tendre, au maintien sage et doux ?
    À peine, hélas ! Au printemps de sa vie,
    Son coeur sentit qu'il était fait pour vous.

    Point de serment, point de vaine promesse :
    Si jeune encore, on ne les connaît pas ;
    Son âme pure aimait avec ivresse
    Et se livrait sans honte et sans combats.

    Elle a perdu...

  • Printemps, que me veux-tu ? pourquoi ce doux sourire,
    Ces fleurs dans tes cheveux et ces boutons naissants ?
    Pourquoi dans les bosquets cette voix qui soupire,
    Et du soleil d'avril ces rayons caressants ?

    Printemps si beau, ta vue attriste ma jeunesse ;
    De biens évanouis tu parles à mon coeur ;
    Et d'un bonheur prochain ta riante promesse
    M'apporte...

  • Ô mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour
    Et la blessure est encore vibrante,
    Ô mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour.

    Ô mon Dieu, votre crainte m'a frappé
    Et la brûlure est encor là qui tonne,
    Ô mon Dieu, votre crainte m'a frappé.

    Ô mon Dieu, j'ai connu que tout est vil
    Et votre gloire en moi s'est installée,
    Ô mon Dieu, j'ai connu que...