Premier amour

Printemps, que me veux-tu ? pourquoi ce doux sourire,
Ces fleurs dans tes cheveux et ces boutons naissants ?
Pourquoi dans les bosquets cette voix qui soupire,
Et du soleil d'avril ces rayons caressants ?

Printemps si beau, ta vue attriste ma jeunesse ;
De biens évanouis tu parles à mon coeur ;
Et d'un bonheur prochain ta riante promesse
M'apporte un long regret de mon premier bonheur.

Un seul être pour moi remplissait la nature ;
En ses yeux je puisais la vie et l'avenir ;
Au souffle harmonieux de sa voix calme et pure,
Vers un plus frais matin je croyais rajeunir.

Ô combien je l'aimais ! et c'était en silence !
De son front virginal arrosé de pudeur,
De sa bouche où nageait tant d'heureuse indolence,
Mon souffle aurait terni l'éclatante candeur.

Par instants j'espérais. Bonne autant qu'ingénue,
Elle me consolait du sort trop inhumain ;
Je l'avais vue un jour rougir à ma venue,
Et sa main par hasard avait touché ma main.

Collection: 
1837

More from Poet

  • Mon âme est ce lac même où le soleil qui penche,
    Par un beau soir d'automne, envoie un feu mourant :
    Le flot frissonne à peine, et pas une aile blanche,
    Pas une rame au loin n'y joue en l'effleurant.

    Tout dort, tout est tranquille, et le cristal limpide,
    En se...

  • Chacun en sa beauté vante ce qui le touche,
    L'amant voit des attraits où n'en voit point l'époux ;
    Mais que d'autres, narguant les sarcasmes jaloux,
    Vantent un poil follet au-dessus d'une bouche ;

    D'autres, sur des seins blancs un point comme une mouche ;
    D'autres...

  • Printemps, que me veux-tu ? pourquoi ce doux sourire,
    Ces fleurs dans tes cheveux et ces boutons naissants ?
    Pourquoi dans les bosquets cette voix qui soupire,
    Et du soleil d'avril ces rayons caressants ?

    Printemps si beau, ta vue attriste ma jeunesse ;
    De biens...

  • À mon ami Victor Hugo.

    Mon ami, vous voilà père d'un nouveau-né ;
    C'est un garçon encor : le Ciel vous l'a donné
    Beau, frais, souriant d'aise à cette vie amère ;
    A peine il a coûté quelque plainte à sa mère.
    Il est nuit ; je vous vois... à doux bruit, le sommeil...

  • Oui, cher Zénon, oui, ma lyre est bizarre,
    Je le sais trop ; d'un étrange compas
    Elle est taillée, et ne s'arrondit pas
    D'un beau contour sous le bras du Pindare.

    Le chant en sort à peine, et comme avare ;
    Nul groupe heureux n'y marierait ses pas :
    Mais...