• Quand j'ose voir Madame, Amour guerre me livre,
    Et se pique à bon droit que je vay follement
    Le cercher en son regne ; et alors justement
    Je souffre d'un mutin temeraire la peine.

    Or me tiens-je loing d'elle, et ta main inhumaine,
    Amour, ne chomme pas : mais si aucunement,
    Pitié logeoit en toy, tu devois vrayement
    T'ayant laissé le camp, me...

  • Pardonne-moi, Seigneur, tout saint, tout débonnaire,
    Si j'ai par trop cédé à de mondains appâts.
    Hélas ! je fais le mal, lequel je ne veux pas
    Et ne fais pas le bien que je désire faire.

    Mon esprit trop bouillant, guidé par ma jeunesse,
    S'est laissé emporter après la vanité,
    Au lieu de s'élever vers ta Divinité
    Et admirer les faits de ta grande...

  • Me souvenant de tes bontez divines
    Suis en douleur, princesse, à ton absence ;
    Et si languy quant suis en ta presence,
    Voyant ce lys au milieu des espines.

    Ô la doulceur des doulceurs femenines,
    Ô cueur sans fiel, ô race d'excellence,
    Ô traictement remply de violance,
    Qui s'endurçist pres des choses benignes.

    Si seras tu de la main...

  • Si je trépasse entre tes bras, Madame,
    Il me suffit, car je ne veux avoir
    Plus grand honneur, sinon que de me voir
    En te baisant, dans ton sein rendre l'âme.

    Celui que Mars horriblement enflamme
    Aille à la guerre, et manque de pouvoir,
    Et jeune d'ans, s'ébatte à recevoir
    En sa poitrine une Espagnole lame ;

    Mais moi, plus froid, je ne requiers...

  • Quoi donc, grande princesse, en la terre adorée,
    Et que même le Ciel est contraint d'admirer,
    Vous avez résolu de nous voir demeurer
    En une obscurité d'éternelle durée ?

    La flamme de vos yeux, dont la cour éclairée
    A vos rares vertus ne peut rien préférer,
    Ne se lasse donc point de nous désespérer,
    Et d'abuser les voeux dont elle est désirée ?
    ...

  • A la fin tant d'amants dont les âmes blessées
    Languissent nuit et jour,
    Verront sur leur auteur leurs peines renversées,
    Et seront consolés aux dépens de l'Amour.

    Ce public ennemi, cette peste du monde,
    Que l'erreur des humains
    Fait le maître absolu de la terre et de l'onde,
    Se treuve à la merci de nos petites mains.

    Nous le vous amenons...

  • Madame, si tu veux me prêter ton oreille,
    Pour toi je me ferai prophète véritier,
    Mordillant un rameau du poenien laurier,
    Et de tes trois couleurs je dirai la nouvelle.

    Le gris mélancolique est le soin qui m'éveille
    Quand ma trêve se rompt par Amour mon guerrier,
    L'incarnat est mon sang qui teint mon dard meurtrier,
    Qui premier me piqua en pointe...

  • Ce que ma Muse en vers a peu chanter
    Ce qu'en François des autheurs a traduit
    Et ce qu'ell'a d'elle mesme produit,
    Elle vous vient maintenant presenter,

    Et s'elle peut vostre esprit contenter,
    Ainsi qu'espoir et desir la conduit,
    De son grand heur, de sa gloire et bon bruit
    A tout jamais se pourra bien venter

    Car ceux qui sont...

  • Madame, ce matin je vous offre une fleur
    Qui du sang de Narcis a pris son origine :
    Pour vous y comparer Amour vous la destine,
    Et vous vient consacrer son tige et sa couleur.

    Vous semblez un Narcis de grâce et de rigueur,
    Il avait comme vous l'apparence divine,
    De sa vive beauté l'onde fut la ruine,
    Et je crains qu'un miroir cause votre malheur !...

  • Quiconque soit qui s'étudie
    En leur langue imiter les vieux,
    D'une entreprise trop hardie
    II tente la voie des cieux,
    Croyant en des ailes de cire,
    Dont Phébus le peut déplumer
    Et semble, à le voir, qu'il désire
    Donner nouveaux noms à la mer.
    Il y met de l'eau, ce me semble,
    Et pareil peut être encore est
    A celui qui du bois assemble...