A madame la princesse douairière, Charlotte de la Trémouille

Quoi donc, grande princesse, en la terre adorée,
Et que même le Ciel est contraint d'admirer,
Vous avez résolu de nous voir demeurer
En une obscurité d'éternelle durée ?

La flamme de vos yeux, dont la cour éclairée
A vos rares vertus ne peut rien préférer,
Ne se lasse donc point de nous désespérer,
Et d'abuser les voeux dont elle est désirée ?

Vous êtes en des lieux, où les champs toujours verts,
Pource qu'ils n'ont jamais que de tièdes hivers,
Semblent en apparence avoir quelque mérite.

Mais si c'est pour cela que vous causez nos pleurs,
Comment faites-vous cas de chose si petite,
Vous de qui chaque pas fait naître mille fleurs ?

Collection: 
1592

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Est-ce à jamais, folle espérance,
Que tes infidèles appas
M'empêcheront la délivrance
Que me propose le trépas ?

La raison veut, et la nature,
Qu'après le mal vienne le bien ;
Mais en ma funeste aventure,
Leurs règles ne servent de rien.

C'est...

Chère beauté que mon âme ravie
Comme son pôle va regardant,
Quel astre d'ire et d'envie
Quand vous naissiez marquait votre ascendant,
Que votre courage endurci,
Plus je le supplie moins ait de merci ?

En tous climats, voire au fond de la Thrace,
Après...

Tu vois, passant, la sépulture
D'un chef-d'oeuvre si précieux,
Qu'avoir mille rois pour aïeux
Fut le moins de son aventure.

L'experte main de la nature,
Et le soin propice des cieux,
Jamais ne s'accordèrent mieux
A former une créature.

On doute...

Ma Crisante avec une foi
Dont l'âge atteste l'innocence,
M'a fait serment qu'en mon absence
Elle aura mémoire de moi.

Cette faveur si peu commune
Me donne tant de vanité
Qu'à la même divinité
J'ose comparer ma fortune.

Peut-être qu'elle me déçoit...

Infidèle mémoire
Pourquoi fais-tu gloire
De me ramentevoir
Une saison prospère
Que je désespère,
De jamais plus revoir ?