• Cette belle ennemie et d'Amour et de moi,
    Qui presqu'en se jouant range tout en servage,
    A pour soldats choisis, et pour riche équipage
    L’honneur, la Chasteté. la Constance et la Foi :

    Un seul mauvais penser n'a place auprès de soi,
    La Vertu toute vive est peinte en son visage :
    Si bien que qui la voit lève au Ciel son courage,
    Et des communs désirs...

  •  
    Quand vous considérez en cette claire glace
    De vos perfections les belles raretés,
    Non, vous n'y voyez point cette parfaite grâce
    Que tout oeil reconnaît aux traits de vos beautés.

    De quoi vous peut servir de savoir être belle ?
    C'est cela que sans plus vous montre le miroir,
    Mais dans le cœur amant qui vous est tout fidèle
    Vous verrez vos...

  • Délivre-moi, Seigneur, de cette mer profonde
    Où je vogue incertain, tire-moi dans ton port :
    Environne mon coeur de ton rempart plus fort,
    Et viens me défendant des soldats de ce monde :

    Envoie-moi ton esprit pour y faire la ronde,
    Afin qu'en pleine nuit on ne me fasse tort
    Autrement, Seigneur Dieu, je vois, je vois la mort
    Qui me tire vaincu sur...

  • Perdez, froissez, tuez cette âme vagabonde,
    Qui délaissant ce jour cherche votre manoir,
    Ô puissances d'en-bas, si vous avez pouvoir
    Sur les captifs d'amour qui dédaignent ce monde.

    Vous Esprits, qui toujours allez faisant la ronde
    A l'entour de nos coeurs, tâchant nous décevoir,
    Employez les secrets de tout votre savoir
    Pour mettre en mon esprit...

  • Quand vous considérez en cette claire glace
    De vos perfections les belles raretés,
    Non, vous n'y voyez point cette parfaite grâce
    Que tout oeil reconnaît aux traits de vos beautés.

    De quoi vous peut servir de savoir être belle ?
    C'est cela que sans plus vous montre le miroir,
    Mais dans le coeur amant qui vous est tout fidèle
    Vous verrez vos beautés...

  • Cette rouge sueur goutte à goutte roulante
    Du corps de cet athlète en ce rude combat
    Peut être comparée à cette eau douce et lente
    Qui la sainte montagne en silence rebat.

    L'aveugle-né (qui mit tous les siens en débat
    Pour ses yeux) fut lavé de cette eau doux-coulante,
    Et dans le chaud lavoir de cette onde sanglante
    Toute l'aveugle race en liberté...

  • Apres qu'il eut aux siens redit cette leçon,
    Il s'en esloigne un peu, met les genoux à terre,
    Tombe sur son visage, et prosterné desserre
    Quelques traits que la chair habille à sa façon.

    Abba Père (dit-il, tremblotant de frisson)
    Il n'est rien que ton vueil, que ta grandeur n'enserre,
    Ton pouvoir absolu tous les pouvoirs atterre,
    Transfere si tu...

  • Dez que cette oraison fut par luy prononcée,
    Il laisse un peu sa teste à main droite pancher :
    Non tant pour les douleurs dont elle est offensée
    Que pour semondre ainsi la Parque d'approcher.

    Voila soudain la peau de son front dessecher,
    Voila de ses beaux yeux tout à coup enfoncée
    L'une et l'autre prunele et leur flamme éclipsée,
    Leur paupiere...

  • En dormant cette nuit, je songeai que ma dame,
    Ainsi comme j'allais me promener aux champs,
    Était en une prée où sa voix et ses chants
    Donnaient aux champs voisins une oreille et une âme,

    Quand j'aperçus son oeil qui réchauffa ma flamme
    Et embrasa de feu mon corps et tous mes sens ;
    Soudain je la priai avec humbles accents
    D'apaiser la douleur qui...

  • J'ai cette nuit goûté les plus douces douceurs
    Du breuvage des dieux, de la manne prisée,
    Du miel, du sucre doux, de la douce rosée,
    Que l'aube en larmoyant répand dessus les fleurs.

    Sur le point que la nuit retire ses horreurs
    Pour faire plate au jour, j'ai ma lèvre posée
    Sur la lèvre vermeille, où mon âme embrasée
    Avec Amour humait mille douces...