Cette rouge sueur goutte à goutte roulante
Du corps de cet athlète en ce rude combat
Peut être comparée à cette eau douce et lente
Qui la sainte montagne en silence rebat.
L'aveugle-né (qui mit tous les siens en débat
Pour ses yeux) fut lavé de cette eau doux-coulante,
Et dans le chaud lavoir de cette onde sanglante
Toute l'aveugle race en liberté s'ébat.
Et l'un et l'autre bain ont redonné la vue,
Siloé du pouvoir dont le Christ l'a pourvue,
Et celui-ci de sang de son propre pouvoir.
Aussi ce rare sang est la substance même
De son coeur, qui pour faire à nuit ce cher lavoir
Fond comme cire au feu de son amour extrême.
(Sonnet XXXIX)