Vous rochers orgueilleux, et vous forêts fidèles
Que je fais retentir de mes chants languissants,
Antres qui répondez à mes tristes accents,
Quand vous oyez le son de mes plaintes mortelles,
Vous monts démesurés, et vous campagnes belles,
Vous ombrages secrets, vous beaux prés verdissants,
Vous déserts écartés, vous tertres verdissants,
Qui êtes sûrs...
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Qui veut voir ici-bas un Astre reluisant,
Et s'égayer au joug d'une douce misère,
Voye mon beau Phénix, la réserve plus chère
Qu'eut de mille ans le Ciel, qu'il nous offre à présent.
Ce sacré saint oiseau, ce Phénix tout plaisant
Qui par sa grand douceur adoucirait Mégère,
Qui souplement volant, d'une voix présagère,
M'annonce le malheur qui me va... -
Par le milieu des déserts écartés,
Dans la frayeur des antres plus sauvages,
Et sur le bord des plus lointains rivages,
Je fuis les lieux des hommes habités,
Et regrettant tes divines beautés,
Seul à l'écart, j'écoute les ramages
Des oiselets qui en mille langages
Chantent d'amour les saintes déités.
Mais las, maîtresse, ô triste destinée... -
Hélas ! mes tristes yeux sont changés en fontaines,
Qui versent non de pleurs mais de larmes de sang,
Et le trait dont Amour me transperça le sang
Augmente incessamment mes angoisseuses peines.
Toujours l'objet hideux de cent morts inhumaines
Se présente à mes yeux, et la Parque à son rang
Epouvante mon coeur, ne voyant point le blanc
A qui... -
Hôte mélancolique
Des tombeaux et des croix,
J'errerai fantastique
Aux effroyables bois,
Compagnon des forêts
Et des démons secrets.
Les rochers solitaires,
Oreillés à mes sons,
Les Faunes et les Laires,
Rediront mes chansons,
Chansons tristes témoins
De mes funèbres soins.
Les Ombres éternelles
Des Mânes... -
Adieu mes jours enfants, paradis éphémère !
Fleur que brûle déjà le regard du soleil,
Source dormeuse où rit une douce chimère,
Adieu ! L'aurore fuit. C'est l'instant du réveil !
J'ai cherché vainement à retenir tes ailes
Sur mon coeur qui battait, disant : " Voici le jour ! "
J'ai cherché vainement parmi mes jeux fidèles
A prolonger mon sort dans... -
Regarde ! avec amour la terre se couronne ;
Sous les vents attiédis son front rêve et frissonne ;
L'herbe rajeunissante habille le rocher
Où les nids amoureux vont déjà se cacher.
Regarde ! à flots pressés la sève monte et chante.
On voit les bois frémir :
Donne toute ton âme au tableau qui t'enchante,
Ô toi qui dois mourir !
Écoute ! la nuit... -
Vois ce fruit, chaque jour plus tiède et plus vermeil,
Se gonfler doucement aux regards du soleil !
Sa sève, à chaque instant plus riche et plus féconde,
L'emplit, on le dirait, de volupté profonde.
Sous les feux d'un soleil invisible et puissant,
Notre coeur est semblable à ce fruit mûrissant.
De sucs plus abondants chaque jour il enivre,
Et,... -
La neige au loin couvre la terre nue ;
Les bois déserts étendent vers la nue
Leurs grands rameaux qui, noirs et séparés,
D'aucune feuille encor ne sont parés ;
La sève dort et le bourgeon sans force
Est pour longtemps engourdi sous l'écorce ;
L'ouragan souffle en proclamant l'hiver
Qui vient glacer l'horizon découvert.
Mais j'ai frémi sous d'... -
Don céleste, volupté pure,
De l'univers moteur secret,
Doux aiguillon de la nature,
Et son plus invincible attrait,
Éclair, qui, brûlant ce qu'il touche,
Par l'heureux signal de la bouche,
Avertit tous les autres sens ;
Viens jouer autour de ma lyre ;
Qu'on reconnaisse ton délire
À la chaleur de mes accens.
Tu vas sur tes sujets fidèles...