Hôte mélancolique

Hôte mélancolique
Des tombeaux et des croix,
J'errerai fantastique
Aux effroyables bois,
Compagnon des forêts
Et des démons secrets.

Les rochers solitaires,
Oreillés à mes sons,
Les Faunes et les Laires,
Rediront mes chansons,
Chansons tristes témoins
De mes funèbres soins.

Les Ombres éternelles
Des Mânes blêmissants
Sont beaucoup plus fidèles
A mes sens languissants
Que l'astre radieux
Qui redore les Cieux.

Hélas ce n'est moi-même
Qui forme ces accents !
Je suis jà ombre blême,
Orphelin de mes sens,
Errant, idole affreux,
Dans l'Orque ténébreux.

Vous donc Ombres sacrées
Des antres recélées,
Vous grottes emmurées,
De silence voilées,
Vous chenues forêts,
Assistez mes regrets.

Dans votre dure écorce,
Sous l'ombre de vos bras,
Gravez à toute force
Mon langoureux trépas,
Qui bornera mes voeux
Aux myrtes ombrageux...

Collection: 
1570

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Hôte mélancolique
Des tombeaux et des croix,
J'errerai fantastique
Aux effroyables bois,
Compagnon des forêts
Et des démons secrets.

Les rochers solitaires,
Oreillés à mes sons,
Les Faunes et les Laires,
Rediront mes chansons,
Chansons...

Hélas ! mes tristes yeux sont changés en fontaines,
Qui versent non de pleurs mais de larmes de sang,
Et le trait dont Amour me transperça le sang
Augmente incessamment mes angoisseuses peines.

Toujours l'objet hideux de cent morts inhumaines
Se présente à mes yeux...

Par le milieu des déserts écartés,
Dans la frayeur des antres plus sauvages,
Et sur le bord des plus lointains rivages,
Je fuis les lieux des hommes habités,

Et regrettant tes divines beautés,
Seul à l'écart, j'écoute les ramages
Des oiselets qui en mille...

Qui veut voir ici-bas un Astre reluisant,
Et s'égayer au joug d'une douce misère,
Voye mon beau Phénix, la réserve plus chère
Qu'eut de mille ans le Ciel, qu'il nous offre à présent.

Ce sacré saint oiseau, ce Phénix tout plaisant
Qui par sa grand douceur adoucirait...

Vous rochers orgueilleux, et vous forêts fidèles
Que je fais retentir de mes chants languissants,
Antres qui répondez à mes tristes accents,
Quand vous oyez le son de mes plaintes mortelles,

Vous monts démesurés, et vous campagnes belles,
Vous ombrages secrets,...