• Le soleil, sur le sable, ô lutteuse endormie,
    En l’or de tes cheveux chauffe un bain langoureux
    Et, consumant l’encens sur ta joue ennemie,
    Il mêle avec les pleurs un breuvage amoureux.

    De ce blanc Flamboiement l’immuable accalmie
    T’a fait dire, attristée, ô mes baisers peureux,
    « Nous ne serons jamais une seule momie
    Sous l’antique désert et les...

  • Entrons dans l'herbe florissante
    Où le soleil fait des chemins
    Que caressent, comme des mains,
    Les ombres des feuilles dansantes.

    Respirons les molles odeurs
    Qui se soulèvent des calices,
    Et goûtons les tristes délices
    De la langueur et de l'ardeur.

    Que nos deux âmes balancées
    Se donnent leurs parfums secrets,
    Et que le...

  • Quand le vent automnal sonne le deuil des chênes,
    Je sens en moi, non le regret du clair été,
    Mais l'ineffable horreur des floraisons prochaines.

    C'est par l'avril futur que je suis attristé ;
    Et je plains les forêts puissantes, condamnées
    A verdir tous les ans pendant l'éternité.

    Car, depuis des milliers innombrables d'années,
    Ce sont des...

  • Le soleil, sur le sable, ô lutteuse endormie,
    En l'or de tes cheveux chauffe un bain langoureux
    Et, consumant l'encens sur ta joue ennemie,
    Il mêle avec les pleurs un breuvage amoureux.

    De ce blanc flamboiement l'immuable accalmie
    T'a fait dire, attristée, ô mes baisers peureux
    " Nous ne serons jamais une seule momie
    Sous l'antique désert et les...

  • Ramenez-moi, disais-je, au fortuné rivage
    Où Naples réfléchit dans une mer d'azur
    Ses palais, ses coteaux, ses astres sans nuage,
    Où l'oranger fleurit sous un ciel toujours pur.
    Que tardez-vous? Partons! Je veux revoir encore
    Le Vésuve enflammé sortant du sein des eaux;
    Je veux de ses hauteurs voir se lever l'aurore;
    Je veux, guidant les pas de celle que j'...

  • L'âme triste est pareille
    Au doux ciel de la nuit,
    Quand l'astre qui sommeille
    De la voûte vermeille
    A fait tomber le bruit ;

    Plus pure et plus sonore,
    On y voit sur ses pas
    Mille étoiles éclore,
    Qu'à l'éclatante aurore
    On n'y soupçonnait pas !

    Des îles de lumière
    Plus brillante qu'ici,
    Et des mondes derrière,...

  • Le soleil est tombé derrière la forêt.
    Dans le ciel, qu'un couchant rose et vert décorait,
    Brille encore un grenat au faîte d'une branche.
    La lune, à l'opposé, montre sa corne blanche.
    Vers les puits, dont l'eau coule aux rigoles de bois,
    C'est l'heure où les barbets avec de grands abois
    Font, devant le berger lourd sous sa gibecière,
    Se hâter les...

  • C'est icy la forest d'ennuy,
    Ou arbre nesung* fruict ne porte
    Et n'y peut vivre en paix nulluy,
    Tout est layt et de fausse sorte.
    Tout ainsi qu'elle se comporte,
    Melancolie en est la dame,
    Et n'est creature si forte
    Qui contre elle droit y reclame.

    Elle se tient icy bien pres
    En ung chastel moult orgueilleux,
    Et le voit on tantost après...

  • En la forest d'Ennuyeuse Tristesse,
    Un jour m'avint qu'a par moy cheminoye,
    Si rencontray l'Amoureuse Deesse
    Qui m'appella, demandant ou j'aloye.
    Je respondy que, par Fortune, estoye
    Mis en exil en ce bois, long temps a,
    Et qu'a bon droit appeller me povoye
    L'omme esgaré qui ne scet ou il va.

    En sousriant, par sa tresgrant humblesse,
    Me...

  • Au docteur Veyne.

    Si je pouvais trouver un éternel sourire,
    Voile innocent d'un coeur qui s'ouvre et se déchire,
    Je l'étendrais toujours sur mes pleurs mal cachés
    Et qui tombent souvent par leur poids épanchés.

    Renfermée à jamais dans mon âme abattue,
    Je dirais : " Ce n'est rien " à tout ce qui me tue ;
    Et mon front orageux, sans nuage et sans pli...