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    Prestigieux rival des grands maîtres d’Europe,
    Poitrinaire à la fois viril et défaillant,
    Tu fus un être unique, et le cœur d’un vaillant
    Battait robustement sous ta frêle enveloppe.

    Aux plus grandes douleurs sachant te résigner,
    Tu te montrais pourtant irascible et morose,
    Et quelqu’un nous a dit que le pli d’une rose
    Pouvait meurtrir ton...

  • CHOPIN

    Chopin, mer de soupirs, de larmes, de sanglots
    Q'un vol de papillons sans se poser traverse
    Jouant sur la tristesse ou dansant sur les flots.
    Reve, aime, souffre, crie, apaise, charme ou berce,
    Toujours tu fais courir entre chaque douleur
    L'oubli vertigineux et doux de ton caprice
    Comme les papillons volent de fleur en...

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    Chopin, frère du gouffre, amant des nuits tragiques,
    Âme qui fus si grande en un si frêle corps,
    Le piano muet songe à tes doigts magiques
    Et la musique en deuil pleure tes noirs accords.

    L’harmonie a perdu son Edgar Pœ farouche
    Et la mer mélodique un de ses plus grands flots.
    C’est fini ! le soleil des sons tristes se couche,
    Le Monde pour...

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    (À Antoine C.)

    La musique est une chose étrange !
    Byron

    L’art ?… c’est l’art – et puis, voilà tout.
    Béranger

    I

    J’étais chez Toi ces avant-derniers jours
    D’une inabordable traîne
    ― Pleins, comme le Mythe,
    Pâles, comme l’aube... ―
    Quand la fin de la vie murmure au commencement :
    « Je ne te...

  • Fais, au blanc frisson de tes doigts,
    Gémir encore, ô ma maîtresse !
    Cette marche dont la caresse
    Jadis extasia les rois.

    Sous les lustres aux prismes froids,
    Donne à ce coeur sa morne ivresse,
    Aux soirs de funèbre paresse
    Coulés dans ton boudoir hongrois.

    Que ton piano vibre et pleure,
    Et que j'oublie avec toi l'heure
    Dans un Eden...