•  

    ENNUI, crainte, détresse… On ne sait quoi dans l’air
    De ce jour ténébreux s’appesantit sur l’âme…
    O le bonheur léger du soleil large et clair,
    Lumière qui, pareille à l’amour, se proclame !

    Angoisse puérile et peine sans raison
    Toute ma force fuit et s’épand dans la brume ;
    Parce que je regarde un trop proche horizon,
    Je sens mon faible cœur...

  • Le Saint-Laurent, mordu par les souffles d'automne,
    S'exaspère. Partout sur le fleuve dément
    L'âme des bois brûlés flotte languissamment.
    Affolé, mon canot plonge dans l'eau gloutonne.

    Pas d'oiseaux. Aucun coup de fusil ne résonne.
    Le vaste et lourd brouillard, gris uniformément,
    De son opacité cache tout mouvement
    Et dams une caverne étrange m'...

  • La neige à travers la brume
    Tombe et tapisse sans bruit
    Le chemin creux qui conduit
    À l'église où l'on allume
    Pour la messe de minuit.

    Londres sombre flambe et fume :
    Ô la chère qui s'y cuit
    Et la boisson qui s'ensuit !
    C'est Christmas et sa coutume
    De minuit jusqu'à minuit.

    Sur la plume et le bitume,
    Paris bruit et...

  • Le soir léger, avec sa brume claire et bleue,
    Meurt comme un mot d'amour aux lèvres de l'été,
    Comme l'humide et chaud sourire heureux des veuves
    Qui rêvent dans leur chair d'anciennes voluptés.
    La ville, pacifique et lointaine, s'est tue.
    Dans le jardin pensif où descend le repos
    Frissonne avec un frais murmure un épi d'eau
    Dont la tige se rompt...

  • Donne moy tes presens en ces jours que la Brume
    Fait les plus courts de l'an, ou de ton rameau teint
    Dans le ruisseau d'Oubly dessus mon front espreint,
    Endor mes pauvres yeux, mes gouttes et mon rhume.

    Misericorde ô Dieu, ô Dieu ne me consume
    A faulte de dormir, plustost sois-je contreint
    De me voir par la peste ou par la fievre esteint,
    Qui mon...

  • Quand la lune apparaît dans la brume des plaines,
    Quand l'ombre émue a l'air de retrouver la voix,
    Lorsque le soir emplit de frissons et d'haleines
    Les pâles ténèbres des bois,

    Quand le boeuf rentre avec sa clochette sonore,
    Pareil au vieux poëte, accablé, triste et beau,
    Dont la pensée au fond de l'ombre tinte encore
    Devant la porte du tombeau ;...

  • Entre le masque de brume
    et celui de verdure,
    voici le moment sublime où la nature
    se montre davantage que de coutume.

    Ah, la belle ! Regardez son épaule
    et cette claire franchise qui ose ...
    Bientôt de nouveau elle jouera un rôle
    dans la pièce touffue que l'été compose.

  • Écoutez, écoutez, ô ma pauvre âme ! Il pleure
    Tout au loin dans la brume ! Une cloche ! Des sons
    Gémissent sous le noir des nocturnes frissons,
    Pendant qu'une tristesse immense nous effleure.

    À quoi songiez-vous donc ? à quoi pensiez-vous tant ?...
    Vous qui ne priez plus, ah ! serait-ce, pauvresse,
    Que vous compariez soudain votre détresse
    À la...