Le soir léger, avec sa brume claire et bleue,
Meurt comme un mot d'amour aux lèvres de l'été,
Comme l'humide et chaud sourire heureux des veuves
Qui rêvent dans leur chair d'anciennes voluptés.
La ville, pacifique et lointaine, s'est tue.
Dans le jardin pensif où descend le repos
Frissonne avec un frais murmure un épi d'eau
Dont la tige se rompt parfois au vent nocturne.
Des jupes font un bruit de feuilles sur le sable.
Des couples amoureux se parlent à voix basse ;
Les roses que leurs doigts songeurs ont effeuillées
Répandent une odeur enivrante de miel.
Un pâle jour occupe encor le bas du ciel
Et mêle, charme étrange et confidentiel,
De la lumière en fuite à de l'ombre étoilée.
Que me font les soleils à venir, que me font
L'amour et l'or et la jeunesse et le génie !...
Laissez-moi m'endormir d'un doux sommeil, d'un long
Sommeil, avec des mains de femme sur mon front :
Ah ! fermez la fenêtre ouverte sur la vie !
Le soir léger, avec sa brume claire et bleue
More from Poet
-
Tu sommeilles ; je vois tes yeux sourire encor.
Ta gorge, ainsi deux beaux ramiers prennent l'essor,
Se soulève et s'abaisse au gré de ton haleine.
Tu t'abandonnes, lasse et nue et tout en fleur,
Et ta chair amoureuse est rose de chaleur.
Ta main droite sur toi se... -
J'étais couché dans l'ombre au seuil de la forêt.
Un talus du chemin désert me séparait.
J'écoutais s'écouler près de moi, bruit débile,
Une source qui sort d'une voûte d'argile.
Par ce beau jour de juin brûlant et vaporeux
L'horizon retenait des nuages heureux.... -
Ce soir, sur le chemin sonore du coteau,
Nous menons en rêvant notre amour qui frissonne
D'une obscure tiédeur sous le même manteau.
Ô crépuscule amer de novembre ! L'automne
Est soucieux comme un aïeul qu'on va quitter ;
Son souffle large et fort sur la terre... -
Saison fidèle aux coeurs qu'importune la joie,
Te voilà, chère Automne, encore de retour.
La feuille quitte l'arbre, éclatante, et tournoie
Dans les forêts à jour.Les aboiements des chiens de chasse au loin déchirent
L'air inerte où l'on sent l'odeur des champs... -
Qu'on ouvre la fenêtre au large, qu'on la laisse
Large ouverte à l'air bleu qui vient avant la nuit !
Je voudrais, ah ! marcher autour de moi sans bruit,
Entendre ce que dit l'automne à ma tristesse ;
Car voici la saison où la sève s'épuise.
C'est un des derniers...