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    Je pris pour maître, un jour, une rude maîtresse,
    Plus fauve qu’un jaguar, plus rousse qu’un lion !
    Je l’aimais ardemment, âprement, sans tendresse,
    Avec possession plus qu’adoration !
    C’était ma rage, à moi ! la dernière folie
    Qui saisit, ― quand, touché par l’âge et le malheur,
    On sent au fond de soi la jeunesse finie...
    Car le soleil des...

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    Allons ! bel oiseau bleu, venez chanter
    votre romance à Madame
    Suzanne.

    « Vous ne mettrez jamais dans votre
    « Flore amoureuse, le Nénuphar blanc
    « qui s’appelle… »
    Une première lettre.

    Nénuphars blancs, ô lys des eaux limpides,
    Neige montant du fond de leur azur,
    Qui, sommeillant...

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    Oh ! comme tu vieillis ! tu n’en es pas moins belle ;
    Ton front au poids des ans refuse de fléchir.
    La rose de ta lèvre est peut-être éternelle,
    Puisque pleurs ni baisers, rien n’a pu la flétrir !
    Oh ! comme tu vieillis ! Je te retrouve toute,
    Comme autrefois, — après deux ans d’amour cueillis !
    Mais sur ce cœur à toi, ton cœur frissonne et doute......

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    Oh ! les yeux adorés ne sont pas ceux qui virent
    Qu’on les aimait, ― alors qu’on en mourait tout bas !
    Les rêves les plus doux ne sont pas ceux que firent
    Deux êtres, cœur à cœur et les bras dans les bras !
    Les bonheurs les plus chers à notre âme assouvie
    Ne sont pas ceux qu’on pleure après qu’ils sont partis ;
    Mais les plus beaux amours que l’on eut...

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    « Oh ! pourquoi voyager ? » as-tu dit. C’est que l’âme
    Se prend de longs ennuis et partout et toujours ;
    C’est qu’il est un désir, ardent comme une flamme,
    Qui, nos amours éteints, survit à nos amours !
    C’est qu’on est mal ici ! ― Comme les hirondelles,
    Un vague instinct d’aller nous dévore à mourir ;
    C’...

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    Si tu pleures jamais, que ce soit en silence ;
    Si l’on te voit pleurer, essuie au moins tes pleurs !
    Car tu ne peux trouver au fond de ta souffrance
    Le calme fier qui naît des injustes douleurs.

    Non ! tu ne le peux pas. Si ta vie est brisée,
    Qui me brisa le cœur où tu vivais ? Dis-moi,
    Dis-moi qui l’a voulu, si je t’ai délaissée ?
    Tes pleurs...

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    Vous les connaissez bien ces amants des clairières,
    Ces spectres, revenant, de la tombe transis,
    Sous la lune bleuâtre et ses pâles lumières…
          Ils dansent dans les cimetières,
          Mais dans mon cœur, ils sont assis.

    Ils sont là, tous, assis avec mélancolie,
    Dans l’immobilité des morts, sous leurs tombeaux :
    Et pâles et navrés, croyant...

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    Vous voulez donc que sur la blanche page,
    Fruits d’un arbre flétri, soient écrits quelques vers ?
    Oh ! pourquoi votre cœur n’a-t-il pas pour image
    Ces candides feuillets à mes regrets ouverts !
    J’essaierais d’y tracer peut-être avec délices
    Le doux mot qu’en raillant vous dites chaque jour ;
    Mais votre cœur, hélas ! est si plein de caprices...

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    Te souviens-tu du soir, où près de la fenêtre
    Ouverte d’un salon plein de joyeux ébats,
    Tu n’avais pas seize ans... les avais-tu ?... peut-être...
    Sous le rideau tombé, nous nous parlions tout bas ?...
    Ce n’était pas l’amour que t’exprimait ma bouche,
    Mon cœur était trop vieux, trop glacé, trop hautain
    Pour parler à ton cœur ; mais, prophète farouche...

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          Tête pâle de ma Chimère
    Dont j’ai, sans la comprendre, adoré la pâleur,
    Tu joins donc maintenant à ce premier mystère,
          Le mystère de ta rougeur !
    Le vermillon soudain qui te prend au visage,
    Quand, ce visage aimé, tu le tournes vers moi,
    Est trop brûlant, trop noir, et roule trop d’orage,
    Pour être de ton sang, ma Chimère au cœur...