Vous les connaissez bien ces amants des clairières,
Ces spectres, revenant, de la tombe transis,
Sous la lune bleuâtre et ses pâles lumières…
Ils dansent dans les cimetières,
Mais dans mon cœur, ils sont assis.
Ils sont là, tous, assis avec mélancolie,
Dans l’immobilité des morts, sous leurs tombeaux :
Et pâles et navrés, croyant qu’on les oublie,
Ils ne se doutent pas qu’ils sont pour nous la Vie,
Plus puissants qu’elle et bien plus beaux !
O spectres des amours finis, — spectres de femmes,
Qui faites nos regrets pires que des remords…
Vous ne revenez pas que la nuit dans nos âmes…
Mais des jours les plus clairs vous noircissez les flammes
Et, morts, faites de nous des morts !
Et toi, toi qui me crois vivant, — vivant encore,
Car je le redeviens sous tes regards si doux, —
Crains les sentiments fous des cœurs à leur aurore,
Et n’apprends pas qu’il est dans ce cœur qui t’adore
Un mur de mortes entre nous !