•         Par un badinage enchanteur,
            Vous aussi, vous m’avez trompée !
        Vous m’avez fait embrasser une erreur :
    Légère comme vous, elle s’est échappée.
        Pour me guérir du mal qu’Amour m’a fait,
    Vous avez abusé de votre esprit aimable ;
            Et je vous trouverais coupable,
    Si je pouvais en vous trouver rien d’imparfait.
    Je l’ai vu...

  •     Oui ! cette plainte échappe à ma douleur :
            Je le sens, vous m’avez perdue.
    Vous avez, malgré moi, disposé de mon cœur,
    Et du vôtre jamais je ne fus entendue.

            Ah ! que vous me faites haïr
    Cette feinte amitié qui coûte tant de larmes !
        Je n’étais point jalouse de vos charmes,
    Cruelle ! de quoi donc vouliez-vous me punir ?...

  • Qu’ai-je appris ! le sais-tu ? sa vie est menacée,
                    On tremble pour ses jours.
    J’ai couru... je suis faible... et ma langue glacée
    Peut à peine... Ma sœur, je l’aime donc toujours !
    Quel aveu, quel effroi, quelle triste lumière !
    Eh quoi ! ce n’est pas moi qui mourrai la première,
    Moi qu’il abandonna, moi qu’il a pu trahir,
    Moi qui fus...

  • Que veux-tu ? Je l’aimais. Lui seul savait me plaire :
    Ses traits, sa voix, ses vœux lui soumettaient mes vœux.
    Tendre comme l’amour, terrible en sa colère...
    ( Plains-moi, connais-moi toute à mes derniers aveux, )
    Je l’aimais ! j’adorais ce tourment de ma vie,
    Ses jalouses erreurs m’attendrissaient encor ;
    Il me faisait mourir, et je disais : « J’ai tort...

  • Ah ! prends garde à l’amour, il menace ta vie :
    Je l’ai vu dans les pleurs que tu verses pour moi.
    Prends garde, s’il est temps ! il erre autour de toi,
    Et c’est avec des pleurs aussi qu’il m’a suivie.
    Retourne vers ta mère et ne la quitte pas.
    Va, comme un faible oiseau que menace l’orage,
    Contre son sein paisible appuyer ton courage ;
    Portes-y ta...

  • Quand je me sens mourir du poids de ma pensée,
    Quand sur moi tout mon sort assemble sa rigueur,
    D’un courage inutile affranchie et lassée,
    Je me sauve avec toi dans le fond de mon cœur !

    Tu grondes ma tristesse, et, triste de mes larmes,
    De tes plus doux accents tu me redis les charmes :
    J’espère ! ... car ta voix, plus forte que mon sort,
    De mes...

  • Mes yeux rendus à la lumière,
    Mais fatigués de tant de pleurs,
    S’offensent des vives couleurs,
    Et baissent leur faible paupière.

    Les voix n’ont plus leurs doux accents,
    Rien ne m’émeut, rien ne m’alarme :
    Ah ! si je n’ai plus une larme,
    C’est donc le bonheur que je sens ?

    Croyons-le. Puisque tout m’éclaire,
    C’est le bonheur qui m’est...

  • Dieu! qu’il est tard! quelle surprise!
    Le temps a fui comme un éclair;
    Douze fois l’heure a frappé l’air.
    ...

  •         Adieu, mes fidèles amours,
            Adieu le charme de ma vie !
    Notre félicité d’amertume est suivie,
    Et nous avons bien cher payé quelques beaux jours !
        Mais le remords ne trouble point notre âme,
        Et, comme toi, fidèle en mes douleurs,
    Contre tous les plaisirs d’une nouvelle flamme
            Je n’échangerais pas mes pleurs !

        ...

  • Amour et charité ! quelque part qu’on vous trouve,
    Dieu va venir : qu’un seul s’en souvienne et le prouve,
    Qu’un seul où je m’en vais me réclame tout bas :
    Qui donc me sauverait, s’il ne me sauvait pas ?
    S’il ne disait : Pitié ! c’est moi… Non ! qu’il se taise.
    Non ! qu’en frappant sur moi l’éternité s’apaise.
    Moi, je veux bien pleurer, et mourir, et mourir...