L’Adieu du soir

Dieu! qu’il est tard! quelle surprise!
Le temps a fui comme un éclair;
Douze fois l’heure a frappé l’air.
Et près de toi je suis encore assise ;
Et, loin de pressentir le moment du sommeil.
Je croyais voir encore un rayon de soleil !

Se peut-il que déjà l’oiseau dorme au bocage?
Ah ! pour dormir il fait si beau !

Les étoiles en feu brillent dans le ruisseau,
Et le ciel n’a pas un nuage.
On dirait que c’est pour l’Amour
Qu’une si belle nuit a remplacé le jour !
Mais, il le faut, regagne ta chaumière ;
Garde-toi d’éveiller notre chien endormi ;
Il méconnaîtrait son ami,
Et de mon imprudence il instruirait ma mère.
Tu ne me réponds pas; tu détournes les yeux!
Hélas ! tu veux en vain me cacher ta tristesse !
Tout ce qui manque à ta tendresse
Ne manque-t-il pas à mes vœux ?
De te quitter donne-moi le courage;
Écoute la raison, va-t’en. Laisse ma main !
Il est minuit; tout repose au village.
Et nous voilà presqu’à demain !
Écoute! si le soir nous cause un mal extrême,
Bientôt le jour saura nous réunir,
Et le bonheur du souvenir
Va se confondre encore avec le bonheur même.

Mais, je le sens, j’ai beau compter sur ton retour.
En te disant adieu chaque soir je soupire;
Ah ! puissions-nous bientôt désapprendre à le dire!
Ce mot, ce triste mot n’est pas fait pour l’amour!

Collection: 
1806

More from Poet

Ô délire d'une heure auprès de lui passée,
Reste dans ma pensée !
Par toi tout le bonheur que m'offre l'avenir
Est dans mon souvenir.

Je ne m'expose plus à le voir, à l'entendre,
Je n'ose plus l'attendre,
Et si je puis encor supporter l'avenir,
C'est...

N'écris pas. Je suis triste, et je voudrais m'éteindre.
Les beaux étés sans toi, c'est la nuit sans flambeau.
J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre,
Et frapper à mon coeur, c'est frapper au tombeau.
N'écris pas !

N'écris pas. N'apprenons qu'à mourir à...

Tu m'as connue au temps des roses,
Quand les colombes sont écloses ;
Tes yeux alors pleins de soleil
Ont brillé sur mon teint vermeil.
Souriant à ma destinée,
Par ta douce force entraînée,
Je ne t'aimai pas à demi,
Mon jeune ami, mon seul ami !

À...

Vous souvient-il de cette jeune amie,
Au regard tendre, au maintien sage et doux ?
À peine, hélas ! Au printemps de sa vie,
Son coeur sentit qu'il était fait pour vous.

Point de serment, point de vaine promesse :
Si jeune encore, on ne les connaît pas ;
Son...

Des roses de Lormont la rose la plus belle,
Georgina, près des flots nous souriait un soir :
L'orage, dans la nuit, la toucha de son aile,
Et l'Aurore passa triste, sans la revoir !

Pure comme une fleur, de sa fragile vie
Elle n'a respiré que les plus beaux...