La nuit d’hiver descend sur le grand bois mouvant.
Du ciel blafard la neige à flots tombe, et le vent
Siffle et hurle à travers les troncs couverts de glace
Des arbres dépouillés qui tordent dans l’espace
Leurs longs bras forcenés comme de noirs démons.
L’...

 
C’était la veille de Noël,
Dans une campagne d’Alsace,
Cheminait par un froid cruel,
Un homme portant sa besace.

Las, pour quémander un croûton
Et se réchauffer l’épiderme,
Le pauvre homme, avec son bâton,
Heurta la porte d’une ferme.

De...

Noirs alchimistes, verts sorciers,
            Aux gestes fous,
            Quand vous passiez,
            Que cherchiez-vous ?

Quand vous passiez indifférents
            Dans vos manteaux,
            Comme de grands
            Incognitos ;

...

Si tu n’es pas un vil esclave,
Un triple cocu de marchand,
Tu nous bailleras sur le champ
Le vin que tu bois dans la cave ;

Et puis tu nous épargneras
Ta chienne de face ridée
À ne pouvoir s’en faire idée....

Les choses de l’amour ont de profonds secrets.
L’instinct primordial de l’antique Nature
Qui mêlait les flancs nus dans le fond des forêts
Trouble l’épouse encor sous sa riche ceinture ;
Et, savante en pudeur, attentive à nos...

La nuit avait semé ses nuages limpides
Tout autour de la lune, astre rêveur et blanc,
Qui, du ciel bleu foncé sur l'onde au pâle flanc,
Semblait faire pleuvoir l’argent en jets fluides.
 
La voile, au long du mât, pendait pleine de rides
Tant la brise était...

La haute cathédrale est grise, presque noire,
Et découpe un profil austère sur les cieux.
Une voix vague sort des blocs silencieux :
Dans leur langue gothique [2] ils nous disent de croire.

C’est le...

Sur le mur décrépit du cloître ancien et froid,
À droite, dans le fond de la salle où l’on croit
Sentir l’horreur des lieux où reviennent des ombres,
Voilée, et recevant des vitres toujours sombres
Le peu de jour qui sied à la paix des tombeaux,
Une peinture encor...

Vous êtes la beauté. Vers la pure Ionie [2]
C’est de vous que naquit Vénus [3] au temps des dieux,
Et vous avez formé son corps victorieux...

Coteaux fins aux grands cyprès noirs,
Pour faire vos gammes exquises
Vous n’avez pas besoin des soirs
Ni des aurores indécises.

Dans les claires heures du jour,
Vous dressez, couronné de vignes,
Vers le ciel tendre avec amour,
Votre front grec aux...