Noirs alchimistes, verts sorciers,
Aux gestes fous,
Quand vous passiez,
Que cherchiez-vous ?
Quand vous passiez indifférents
Dans vos manteaux,
Comme de grands
Incognitos ;
Vous qui d’un œil d’ombre taché
Fixez sans fin
Un point caché ;
Sans soif ni faim.
Par l'été, l’hiver, par les jours
Et par les nuits,
Portant vos lourds
Et fiers ennuis ;
Par nos quais glacés ou fleuris,
Glissant plus doux
Que des esprits,
Que cherchiez-vous ?
Quel rêve vous fait l’âme en deuil
Et l’œil en feu,
Anges d’orgueil
Qui serez Dieu ?
Allez, quelque aurore est au fond,
Vieux faiseurs d’or,
Les cieux ne sont
Fermés encor.
Creusez toujours, peuplez vos fronts
De plis secrets ;
Nous sourirons !
Eh bien ! après ?
Ayez des barbes de trente ans,
Et des carriks
Par tous les temps ;
Ayez des tics ;
Que votre humble dos par les laids
Brouillards roussi,
Le soit par les
Lunes aussi ;
Soyez les frileux nonpareils,
Qui sont gourmands
Des bons soleils ;
Soyez charmants !
Vous de qui les yeux croient tenir
Un astre éclos
Dans l’avenir,
Vieux rigolos !
Pièce parue à la Renaissance,
le 30 novembre 1873.