A toi, riant Létâ, mes amours sont restés,
Mais je vais voir le monde en ses variétés.
La Sagesse m'a dit, cette muse que j'aime :
« Barde, n'excluez rien du monde et de vous-même !
Il est sage, celui qui, dans de saints transports,
Fait vibrer chaque idée avec tous ses accords ;
Ainsi qu'aux anciens jours la lyre à triple corde
Vibre comme un...
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Je partais pour un long voyage.
En wagon, tapi dans mon coin,
J’écoutais fuir l’aigu sillage
Du sifflet dans la nuit, au loin ;Je goûtais la vague indolence,
L’état obscur et somnolent,
Où fait tomber sans qu’on y pense
Le train qui bourdonne en roulant ;Et je ne m’apercevais guère,
Indifférent de bonne foi,
Qu’une jeune... -
LE BARDE ANGLO-AMÉRICAIN.Comme un monstre amphibie, enveloppé de brume,
Comme un léviathan, il avance, il écume,
Et tout tremble à sa voix, tout est saisi de peur !
Cyclope menaçant, aux poumons de vapeur,
De sa gueule enflammée il sort des étincelles ;
Et l’on doute s’il nage ; on croit qu’il a des ailes. —
Voyez-le soupirer : on dirait qu’... -
Cette fois mon cœur, c’est le grand voyage.
Nous ne savons pas quand nous reviendrons.
Serons-nous plus fiers, plus fous ou plus sages ?
Qu’importe, mon cœur, puisque nous partons !Avant de partir, mets dans ton bagage
Les plus beaux désirs que nous offrirons
Ne regrette rien, car d’autres visages
Et d’autres amours nous consoleront....
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Enfin, après les tempêtes,
Nous voici rendus au port ;
Enfin nous voyons nos têtes
Hors de l’injure du sort :
Nous n’avons rien qui menace
De troubler notre bonace ;
Et ces matières de pleurs,
Massacres, feux et rapines,
De leurs funestes épines
Ne gâteront plus nos fleurs.Nos prières sont ouïes,
Tout est réconcilié ;
... -
LES nuages me font songer aux grands départs
Pour des pays lointains, par delà les mers bleues…
Vous voulez voyager à des milliers de lieues ?
Fermez vos yeux d’amour : la caravelle part !Là, nous sommes sur l’eau qui berce. Le vent chante,
La mer vaste a pour borne un cercle d’horizon,
Et le ciel est sur nous comme un toit de maison.
Rêvons... -
Nous étions, une année, en Suisse
Un ami et moi, son complice,
Ni plus ni moins que deux Anglais ;
Quand il nous prit la fantaisie
D’aller voir, en leur Valaisie,
Ces messieurs crétins du Valais.Un jour, donc, par un temps propice,
Nous dévalions à Saint-Maurice.
Sis entre deux monts sourcilleux,
Et le chef-lieu du crétinisme,
Si l’... -
Il me faut du nouveau, n’en fût-il plus au monde.
JEAN DE LA FONTAINE.Jam mens praetrepidans avet vagari,
Jam laeti studio pedes vigescunt.
CATULLE.Au travers...
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Passer tout près, passer et regarder de loin,
Et frémir sans oser continuer la route,
Et refouler, de peur d’un indiscret témoin,
Ces derniers pleurs, tout prêts à couler goutte à goutte !De lourds nuages gris que l’éclair déchirait
Cachaient tout l’horizon, & les minutes brèves
S’envolaient, ô suprême & douloureux regret !
Sans que j’eusse... -
DANS l’océan du ciel d’avril, gonflant leurs voiles,
Les nuages, pareils à de légers bateaux,
Naviguent, éclatants, vers des îles d’étoiles,
Avec la majesté des cygnes sur les eaux.Ils voguent, sans troubler d’un remous l’onde bleue ;
Leur marche est paresseuse et leur but est lointain.
Depuis une heure...