• Les aspects sont divers de cette morne auberge
    Qu’on nomme l’hôpital. Le vice et la vertu
    Y souffrent à la fois. On met mourir la vierge
    Au lit que, pour mourir, une impure avait eu.

    Martyrs et châtiés sont sur la même ligne,
    Et la fatalité heurte le dévoûment.
    On n’a dans le dortoir qu’un numéro pour signe ;
    L’indifférence à tous fait froid également...

  • Plus prompte que la vague aux perfides caresses,
    Plus prompte que l’aurore aux menteuses promesses,
    Plus prompte que la nuit aux brûlantes ivresses,
    Tu vins et t’en allas !

    Comme une terre nue et par l’hiver mouillée,
    Comme une nuit sans rêve et d’astres dépouillée,
    Comme...

  • Le pêcheur, vidant ses filets,
    Voit les poissons d’or de la Loire
    Glacés d’argent sur leur nageoire
    Et mieux vêtus que des varlets.

    Teints encor des ardents reflets
    Du soleil et du flot de moire,
    Le pêcheur, vidant ses filets,
    Voit les poissons d’or de la Loire.

    Les beaux captifs, admirez-les !
    Ils brillent sur la terre noire,
    ...

  • Ta langue à tout jamais doit-elle être scellée,
    O sphinx ! Et contre toi n’est-il aucun recours ?
    Du point noir d’où je viens au but sombre où je cours
    Je sens ta force occulte à tous mes pas mêlée.

    Sous les traits d’une femme elle s’est révélée,
    L’obsession fatale aux réseaux doux et lourds,
    Cauchemar de mes nuits, délire de mes jours,
    Qui met enfer...

  • Soumets la Terre,
    Les fleurs, les bois,
    Lyre ! à ta voix,
    A ton mystère.

    Que rien n’altère
    Les saintes lois,
    Soumets la Terre,
    Les fleurs, les bois.

    Dompte Cythère !
    Charme à la fois
    Le lys des rois
    Et la panthère ;
    Soumets la Terre !

  • Il était né dans la rizière
    Qui borde l’étang de Saint-Paul.
    Heureux, il vivait de lumière,
    De chant libre et de libre vol.

    Poëte ailé de la savane,
    Du jour épiant les lueurs,
    Il disait l’aube diaphane,
    Bercé sur la fataque en fleurs.

    Il hantait les gérofleries
    Aux belles grappes de corail,...

  • Ce bon élixir, le Café
    Met dans nos cœurs sa flamme noire ;
    Grâce à lui, fier de sa victoire,
    L’esprit subtil a triomphé.

    Faux Lignon que chantait d’Urfé,
    Tu ne nous en fait plus accroire ;
    Ce bon élixir, le Café
    Met dans nos cœurs sa flamme noire.

    Ne faisons qu’un auto-da-fé
    Des vieux mensonges de l’Histoire ;
    Et mêlons, sans peur...

  • J’ai fait allumer un grand Feu,
    Tout est clos, fenêtre et volets.
    Je veux lire, viens, Rabelais ;
    Ce temps-ci m’intéresse peu.

    La flamme de rose et de bleu
    Teint ma chambre comme un palais ;
    J’ai fait allumer un grand Feu,
    Tout est clos, fenêtre et volets.

    Foin des gens qui parlent hébreu !
    Foin des songeurs tristes et laids !
    O...

  • De ses flancs ondulés quand j’ai vu la blancheur,
    Quand j’ai vu ses deux bras relevés sur sa tête,
    Comme au sommet vermeil d’une amphore de Crète
    Les deux anses du bord qui s’élèvent en chœur,

    O mort des anciens jours, j’ai compris ta douceur,
    Le charme évanoui de ton œuvre muette,
    Lorsqu’insensiblement tu couvrais de pâleur
    Un profil corinthien de...

  • Tout est ravi quand vient le Jour
    Dans les cieux flamboyants d’aurore.
    Sur la terre en fleur qu’il décore
    La joie immense est de retour.

    Les feuillages au pur contour
    Ont un bruissement sonore ;
    Tout est ravi quand vient le Jour
    Dans les cieux flamboyants d’aurore.

    La chaumière comme la tour
    Dans la lumière se colore,
    L’eau murmure...