Je veux, comme un artiste amoureux des émaux,
Fondre patiemment les teintes délicates
De la rose, du ciel, de l’or & des agates
Pour en faire des prés, du soleil, des hameaux.

Sur le fond de médaille, à travers les rameaux,
Les murs remis à neuf auront des...

Refleuris sous mon front, ô fleur de volupté,
Fleur du rêve païen, fleur vivante & charnelle,
Corps féminin qu’aux jours de l’Olympe enchanté
Un cygne enveloppa des blancheurs de son aile.

L’amour des Cieux a fait chaste ta nudité :
Sous tes contours sacrés la...

Tout dort. Les ponts avec le gaz de leurs lanternes
Se reflètent dans l’eau profonde. Entre les quais
Voguent péniblement des bateaux remorqués,
Et voici l’Hôtel-Dieu que flanquent des casernes.

Voyez, se découpant sur les nuages ternes,
Un vague entassement d’...

Poet: Gabriel Marc

Les amoureux ne vont pas loin :
On perd du temps aux longs voyages.
Les bords de l’Yvette ou du Loing
Pour eux ont de frais paysages.

Ils marchent à pas cadencés
Dont le cœur règle l’harmonie,
Et vont l’un à l’autre enlacés
En suivant leur route bénie...

Lecteur, à toi ces vers, graves historiens
De ce que la plupart appelleraient des riens,
Spectateur indulgent qui vis ainsi qu’on rêve,
Qui laisses s’écouler le temps & trouves brève
Cette succession de printemps & d’hivers,
Lecteur mélancolique & doux,...

La rivière aux flots bleus rêve les soirs d’été.
Elle dessine au loin sa courbe gracieuse
Pour se perdre dans l’ombre ; & le saule & l’yeuse
Reflètent leurs rameaux dans sa limpidité.

L’air est sans bruit, le ciel plein de sérénité.
La rive se recueille...

Poet: Gabriel Marc

J’aime tes belles mains longues & paresseuses,
Qui, pareilles au lis, n’ont jamais travaillé,
Mais savent le secret des musiques berceuses
Qui parlent à voix lente au cœur émerveillé. —
J’aime tes belles mains longues & paresseuses.

J’aime tes petits pieds...

Des vases blancs & bleus sur leurs tiges dorées,
Droits, & fiers de la pourpre exotique des fleurs ;
Une lampe d’albâtre avivant ses pâleurs,
Clair de lune neigeux & calme des soirées ;

Des panneaux, où la main féminine agrafa
Sur le satin, lamé d’or...

Pierre, le Bien-Nommé, revient de Palestine.
Jadis il est sorti, bardé de fer, & tel
Il rentre sous la porte antique du castel
Qu’une fière devise à la gloire destine.

Dans l’oratoire bleu madame Valentine
Pour l’époux éloigné tremble au pied de l’autel,
...

Les Titans sont tombés : — dans l’air silencieux
Leur sang pur monte encore, &, comme une fumée,
Emporte dans les cieux leur âme consumée
Des rêves éternels qu’ils avaient pris aux cieux.

La terre, maternelle aux cœurs audacieux,
Sur ses enfants meurtris...