• Et puis l’Ennui nous vint qui fana sous ses doigts
    Notre Amour, cette fleur absurde et printanière
    Éclose souviens-toi, boulevard Poissonnière,
    Quand les nids commençaient à chanter sous les toits.

    On s’est bien aimé deux — à n’en plus finir — mois.
    Moi d’après ma façon, toi selon ta manière.
    Deux mois !...

  • Hélas ! qui nous dira ce que c’est que l’amour ?
    Pour moi, faible héron aux serres de vautour,
    Je me sens emporté dans le gouffre ou la nue,
    Dans l’antre ténébreux ou sur la plage nue,
    Je me sens expirer sous son bec assassin,
    Qui m’a crevé les yeux ou labouré mon sein,
    Et ne sais rien de plus ! — J’ai lu mille mémoires
    Qui traitent de l’amour ; j’ai...

  •  
    À l’origine, seul, le Vide ténébreux
    S’étendait sans limite et dans un froid silence
    Quand soudain, plus furtifs qu’une lueur de lance,
    Saignèrent dans la nuit des éclairs douloureux.

    Puis un frisson d’angoisse, un très faible murmure
    Troubla les profondeurs de l’abîme sacré ;
    Et tout l’espace fut brusquement déchiré,
    Comme éclate en automne...

  •       Filles du Dieu de l’univers,
    Muses, que je me plais dans vos douces retraites !
    Que ces rivages frais, que ces bois toujours verts
    Sont propres à charmer les âmes inquiètes !
          Quel cœur n’oublîrait ses tourments
    Au murmure flatteur de cette onde tranquille ?
    Qui pourrait résister aux doux ravissements
          Qu’excite votre voix fertile ?...

  •  

    I

    Qui de nous, jeune encore et naïf, n’a connu
    L’inexplicable émoi d’un amour ingénu
    Qui s’éveille au milieu d’un riant paysage ?
    Je le revois toujours le pâle et doux visage
    De celle qui m’aima d’un amour si profond.
    Nous n’avions que vingt ans tous les deux ; c’était au fond
    D’un hameau du pays flamand, presque à l’automne :
    Chaque...

  • Avec tendre sourire en ton œil pétillant
    Qui trahissait l’entrain joyeux de la jeunesse ;
    Avec ce mouvement si vif, si sémillant
                 De l’hirondelle en sa vitesse ;
    Avec de gais accents, comme le mois de mai
    En trouve pour chanter son tant doux virelai,
    De joie auréolée, et toute scintillante
    ...

  •  
    Seulement !...

    Si mon cœur faisait ses mémoires
    Je crois que j’y mettrais ceci :
    « Elle avait des dentelles noires
    « Avec un jupon cramoisi. »

    C’était ravissant ! — Les donzelles
    De ce soir et de ce salon,
    Se pâmaient devant ces dentelles...
    Mais, moi, j’aimais mieux le jupon.

    Ce jupon, c’était ma...

  •  
    I

    Nous sommes dans l’amour comme sur un navire
    Qui prend le large et va vers un port incertain ;
    Le ciel est bleu, les flots ont des plis de satin
    Sur le corps de la mer géante qui s’étire.

    Les passagers d’amour penchés sur les haubans,
    Tandis qu’un vent léger dans les voiles circule,
    Regardent les lointains que leur désir recule
    Afin d...

  •  
    I

    Viola, ton sourire et tes yeux caressants
    Où le ciel curieux et ravi se reflète ;
    Ton sourire et tes yeux, ma fraîche violette,
    Chantent l’inaltérable amour que je pressens.

    O toi que j’entrevis à peine, ton sourire
    Me parle de tendresse et d’immortalité ;
    Je vais t’aimer, je t’aime, et me voici hanté
    Par tes yeux où le ciel...

  •  
    Je veux que l’Amour entre comme un ami dans notre maison,
    Disais-tu, bien-aimée, ce soir rouge d’automne
    Où dans leur cage d’osier les tourterelles monotones
    Râlaient, palpitant en soudaine pâmoison.

    L’Amour entrera toujours comme un ami dans notre maison,
    T’ai-je répondu, écoutant le bruit des feuilles qui tombent,
    Par-delà le jardin des...