Puella

Plains-moi, car je n’eus rien à donner à l’Amour,
Ni fleurs de mon Été, ni fruits de mon Automne,
Et la terre où naquit mon destin sans couronne
N’a pas porté pour moi la rose ou l’épi lourd.

Les Fileuses qui font nos heures et nos jours
N’ont pas tissé non plus, pour que je la lui donne,
La tunique fertile où, naïve Pomone,
La vierge de ses seins sent mûrir le contour.

Je n’ai pu même offrir à ta divinité
La colombe de ma chétive nudité,
Car ma chair sans duvet n’eût pas tiédi ta main.

Amour ! tends-la au moins à l’obole fragile
Et prends cette médaille où, profil enfantin,
Mon visage anxieux sourit à fleur d’argile.

Collection: 
1903

More from Poet

  •  
    Je ne veux de personne auprès de ma tristesse
    Ni même ton cher pas et ton visage aimé,
    Ni ta main indolente et qui d’un doigt caresse
    Le ruban paresseux et le livre fermé.
     
    Laissez-moi. Que ma porte aujourd’hui reste close ;
    N’ouvrez pas ma...

  •  
    « N’avez-vous pas tenu en vos mains souveraines
    La souplesse de l’eau et la force du vent ?
    Le nombreux univers en vous fut plus vivant
    Qu’en ses fleuves, ses flots, ses fleurs et ses fontaines. »

    C’est vrai. Ma bouche a bu aux sources souterraines ;
    La...

  •  
    O Vérone ! cité de vengeance et d’amour,
    Ton Adige verdi coule une onde fielleuse
    Sous ton pont empourpré, dont l’arche qui se creuse
    Fait l’eau de bile amère et de sang tour à tour !

    Le dôme, le créneau, la muraille, la tour,
    Le cyprès dur jailli de la...

  •  
    Sépulcre de silence et tombeau de beauté,
    La Tristesse conserve en cendres dans son urne
    Les grappes de l’automne et les fruits de l’été,
    Et c’est ce cher fardeau qui la rend taciturne,

    Car sa mémoire encore y retrouve sa vie
    Et l’heure disparue avec la...

  •  
    Sois nombreux par le Verbe et fort par la Parole,
    Actif comme la ruche et comme la cité ;
    Imite tour à tour avec fécondité
    La foule qui demeure et l’essaim qui s’envole.

    Travaille, croîs, grandis ! que ta hauteur t’isole,
    Et dresse dans le ciel sur le monde...