Ô vierge ! ta beauté semble un champ de blé mûr
Dont le vent fait rouler les vagues inquiètes !
Parmi les brins serrés, passant leurs folles têtes,
Brillent le pavot rouge et le bluet d’azur ;
Au zénith éclatant pas un nuage obscur ;
L’aube seule aux épis suspend ses gouttelettes ;
Mille désirs charmants, comme des alouettes,
Volent par les sillons et poussent leur cri pur.
Vierge ! voici le temps qu’on va lier les gerbes ;
Bientôt retentiront les chansons dans les herbes,
Et les rondes, le soir, sous les cieux étoilés,
Car, sur ses larges reins attachant sa ceinture,
Demain, le moissonneur à la brune figure
Va promener sa faux par l’épaisseur des blés !