Dans le petit jardin d’amour de votre vie,
avec vos lauriers doux faites une tonnelle
où vous reposerez pareil à l’air, et elle
comme l’eau de cet air que l’on voit dans le puits.
La campagne prie pour vous sa naïveté.
Nous vivons orgueilleux loin des choses savantes,
mais dans nos pays tristes les vieilles servantes
ont le chapelet des chaînes des puits rouillées.
Elles l’égrèneront sur l’eau de vos bonheurs.
Dans mon royaume je ferai prier pour vous
les cris secs des grillons et les poules qui gloussent,
gonflées et en cachant leurs petits sur leur cœur.
Ainsi, Gide, cachons nos pensées les plus sages
comme la poule cache ses petits poussins ;
et, n’en laissons voir, pour amuser les voisins,
qu’une multitude de très petites pattes.
Mais toujours dans l’ombre d’amour de la tonnelle,
et que vous aurez faite avec vos doux lauriers,
la pensée que vous eûtes de vous marier
sera dans ces lauriers la rose simple et belle.